Décrochage scolaire : la France n’est pas un cas isolé

Déc 12

Décrochage scolaire : la France n’est pas un cas isolé

La France n’est pas le seul pays où l’on se demande comment résoudre le problème du décrochage scolaire.

Le Québec, pays francophone, a lancé un projet ambitieux de lutte contre cette tendance.

Des objectifs ambitieux mais réalistes

Certaines de ces idées pourraient inspirer de bonnes réformes à nos dirigeants. Le Québec n’est pourtant pas si mal classé dans l’échelle PISA et pourtant il souhaite encore améliorer ses performances en se donnant des objectifs précis pour l’horizon 2020 :

  • 2 étudiants sur 3 doivent obtenir leur diplôme dans les délais requis ;
  • 80% des étudiants doivent être diplômés avant d’avoir atteint l’âge de 20 ans ;
  • Le Québec doit améliorer sa position dans le palmarès du taux de diplomation des pays de l’OCDE.

Pour atteindre ces objectifs, la Ministre de l’Education a énoncé trois grands principes directeurs :

  • Une vision globale : il faut tous aller dans la même direction pour faire en sorte que les actions s’articulent de façon cohérente autour de mesures définies par l’ensemble des acteurs concernés.
  • Ensemble contre le décrochage scolaire : il est important de renforcer la cohésion des acteurs du réseau scolaire, de la communauté, du milieu de l’emploi et des parents autour de valeurs et de principes communs visant à contrer le décrochage.
  • Prendre un élève par la main : un des principes directeurs sera un accompagnement personnalisé à l’échelle nationale pour aider chaque élève à exploiter son plein potentiel. Aucun élève ne quittera les bancs de l’école sans une visite, des appels et un suivi adapté.

Les causes du décrochage et les fausses idées reçues

La situation scolaire des garçons serait très préoccupante

Le décrochage scolaire concernerait plus particulièrement les garçons et serait causé par :

  • leurs plus grandes difficultés en lecture et en écriture ;
  • un apport plus stéréotypé à l’école et aux apprentissages (ex : « La lecture, c’est pour les filles ! ») ;
  • l’origine sociale (l’écart de réussite entre les garçons de milieux favorisés et ceux de milieux défavorisés est beaucoup plus grand que l’écart de réussite entre les garçons et les filles).

Selon le classement PISA, les garçons sont plus performants en mathématiques et en sciences, mais nettement moins en lecture.

Le décrochage scolaire des garçons ne s’améliorerait pas depuis 30 ans

Le décrochage scolaire n’est pas nouveau, et contrairement aux idées reçues, il diminue, et dans une proportion plus importante chez les garçons. Le taux de décrochage, garçons et filles de moins de 20 ans, était de 40,5% à la fin des années 70, alors qu’il n’est plus que de 17,6% (n’oublions pas que nous ne sommes pas en France mais au Canada).

L’école « au féminin » nuirait à la réussite des garçons

Une autre idée reçue serait que l’école « au féminin » nuirait à la réussite des garçons. Dans beaucoup de pays occidentaux, le taux de personnel enseignant féminin avoisine ou dépasse les 80%, et pourtant les résultats des élèves des deux sexes aux diplômes ne confirment pas cette hypothèse et sont presque équivalents : aux Etats-Unis 77% de réussite pour les garçons et 76% pour les filles, en Allemagne 98% pour les filles et 97% pour les garçons ; au Québec l’écart est plus important avec un taux de réussite de 81% pour les garçons contre 92% pour les filles. Précisons également que 70% des professeurs d’université sont des hommes et pourtant les étudiants réussissent moins bien que les étudiantes. Il n’y a pas de lien entre le genre du personnel et la performance scolaire des élèves, le sexe n’est pas une compétence pédagogique.

Les classes réservées aux garçons favoriseraient leur réussite scolaire

Pour tenter de résoudre le problème de décochage chez les garçons, des expériences ont été tentées au début des années 2000. Des classes exclusivement réservées aux garçons ont été créées, mais aucune amélioration n’a été enregistrée. Des effets négatifs ont même été constatés, comme le renforcement des stéréotypes des genres, ajustant par exemple le contenu des cours à de thèmes dits plus masculins. Des comportements homophobes envers les garçons qui répondent moins aux modèles masculins ont également été notés. Les classes non mixtes ne sont donc pas une solution.

Les hommes fuiraient l’enseignement, car c’est un monde de femmes

Ce n’est pas l’école qui éloigne les hommes de l’enseignement, l’explication la plus plausible est « que l’enseignement est fortement associé à la notion de soin ». C’est ainsi que, plus les élèves vieillissent, plus les hommes sont nombreux en enseignement ; quasi inexistants en enseignement préscolaire, ils sont nettement majoritaires à l’université.

En matière de décrochage scolaire, le genre expliquerait tout

Le décrochage scolaire touche 25,8% des garçons contre 17,4% de filles, soit un écart de 8,4 points.

L’origine sociale, autre facteur important provoque un taux de décrochage de 35,9% chez les garçons de milieux défavorisés contre 15,6% chez les garçons de milieux favorisés, soit un écart de 20,3 points.

Pour les filles, c’est 26,1% dans les milieux défavorisés contre 8,7% dans les milieux favorisés, soit un écart de 17,4 points.

L’origine sociale, plus que le genre, conduit fatalement vers le décrochage scolaire. Toutefois, il importe de travailler à la fois sur la pauvreté et les stéréotypes pour assurer au plus grand nombre de jeunes (garçons et filles) une meilleure réussite scolaire.

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