Les nouveaux rythmes scolaires sont loin d’être mis en place dans toute la France avec un taux d’application seulement voisin de 20% ; de plus ils posent parfois des problèmes dans leur fonctionnement. Les parents d’élèves sont eux-aussi partagés sur cette réforme, et pour certains c’est un nouveau souci d’organisation de la vie quotidienne.
Les Ecoles supérieures du professorat et de l’éducation sont installées à cette rentrée, mais pour certaines l’accréditation n’est que provisoire. C’est dommage que le démarrage ait dû être fait dans la précipitation.
De nouveaux postes d’enseignants sont créés, on annonce 7 500 nouveaux postes mais c’est sans tenir compte des postes qui sont supprimés ou encore de la hausse des effectifs du second degré qui nécessitent plus de personnel.
Une prime de 400 euros doit être versée aux professeurs des écoles, mais ce n’est que le retour de la prime octroyée par Luc Chatel, prime qui avait été supprimée. Le versement de celle-ci ne sera toutefois pas immédiat, puisqu’il sera fractionné en deux, une moitié en décembre 2013 et l’autre en juin 2014.
Ces différentes mises en place ne sont pas encore terminées que déjà le ministère de l’Education entreprend de nouveaux chantiers.
Le statut des professeurs
Modifier le métier d’enseignant est un sujet très délicat, rappelons que les règles sont toujours définies par les décrets de mai 1950 qui fixent entre autres le maximum d’heures d’enseignement. Les enseignants ont le sentiment qu’on voudrait augmenter leur temps de travail. Ségolène Royal avait déclaré, lors de sa campagne présidentielle de 2006, que les enseignants devaient être plus présents dans les établissements. Cela avait beaucoup choqué les enseignants, et si l’on prévoit de nouvelles tentatives de modifications il y aura de nouvelles désapprobations. Cela sous-entend que les professeurs devraient travailler beaucoup plus ensemble, en équipe. Pourquoi pas, mais il faudrait donner les moyens aux enseignants de travailler en équipe. En effet, il manque trop souvent des lieux où les professeurs pourraient travailler dans leur établissement, mais surtout le travail en équipe ou le volontariat ne sont pas valorisés et n’ont aucun impact sur l’évolution de carrière. Faire un dépoussiérage ne sera pas suffisant pour améliorer les conditions de travail, et risque juste de froisser cette catégorie de fonctionnaires très attachés aux valeurs de leur profession.
De nouveaux programmes pour 2015
Les syndicats d’enseignants souhaitent toujours un allègement des programmes. D’année en année, de nouveaux enseignements sont ajoutés, sans que pour autant le nombre d’heures de classe augmente, bien au contraire il diminue. Il faut également souligner que les élèves actuels sont bien différents des générations précédentes ! Les programmes Darcos sont jugés trop injonctifs, ne laissant que peu de place à la liberté pédagogique des enseignants, et trop centrés sur les acquisitions de compétences. Il est nécessaire de revenir aux fondamentaux « lire-écrire-compter ».
Un nouveau Conseil supérieur des programmes (CSP) doit être mis en place dans les semaines à venir ; ce conseil sera composé de parlementaires, de pédagogues et d’universitaires. Sa première tâche sera consacrée à l’étude de la densité des programmes. Parmi les idées que pourraient contenir ces nouveaux programmes prévus pour la rentrée 2015, Vincent Peillon parle de l’étude d’une langue étrangère dès le CP, de la mise en place de la morale laïque, ou d’un parcours d’orientation, d’information et de découverte des métiers.
La carte scolaire réintroduite
En 2007, la carte scolaire avait été assouplie au nom de la liberté de choix des familles. Vincent Peillon souhaite, au nom de la mixité sociale, plus de rigidité. Les demandes de parcours particuliers (classes bilangues, classes à horaires aménagés musique ou sport) ne doivent plus être prioritaires. Concrètement, l’assouplissement de la carte scolaire n’a pas engendré de bouleversements notoires, seuls certains établissements défavorisés le deviennent encore plus. Mais en redéfinissant les zones, c’est toute la politique de la ville qu’il faut revoir, sans compter l’orientation qui existera toujours vers des établissements « prestigieux » qui continueront à faire leur propre sélection ou vers les établissements privés.
La refonte du collège
Le candidat François Hollande avait insisté sur « l’importance du tronc commun » qu’il fallait maintenir, et pour le ministre de l’Education « le collège unique, c’est donner à tous les enfants la même instruction ». Dans le même sens, un décret vient de supprimer les dispositions de la « loi Cherpion », votée en 2011, qui permettait à des jeunes de 14 ans de débuter en apprentissage ; cela leur permettrait de s’échapper de l’école au sens biblique et de pouvoir apprendre un métier qui leur plait et ne plus se sentir les oubliés du système. Ce système leur permettrait de reprendre confiance en eux et parfois même de reprendre des études théoriques pour approfondir la connaissance du métier qu’ils avaient choisi.
La reforme des collèges devrait donc passer par une refonte des programmes, avec une valorisation des filières professionnelles. Cette année, une centaine de collège va expérimenter « le dernier mot aux parents » qui laisse à ces derniers la possibilité de décider seuls des compétences de leur enfant pour le choix de son orientation.