La majorité des Français pense que les tablettes numériques sont utiles à l’école, mais…

Oct 02

La majorité des Français pense que les tablettes numériques sont utiles à l’école, mais…

Les Français sont favorables à 80% à l’utilisation des tablettes tactiles à l’école, c’est ce que révèle le baromètre trimestriel de l’économie numérique de la Chaire économique de l’université Paris-Dauphine. Ce résultat semblerait indiquer que le ministre de l’éducation a raison de « faire entrer l’école dans l’ère numérique ». Mais sommes-nous réellement prêts à accueillir cette évolution ?

Quel est l’équipement des foyers ?

8 Français sur 10 sont favorables à l’utilisation des tablettes, bien que leur équipement n’en soit pas encore à ce niveau.

En effet 77,7% des foyers sont équipés de micro-ordinateurs, 77,6% sont connectés à internet. Le haut-débit est présent dans 72,4% des foyers.

3 foyers sur 4, chez les plus de 15 ans, sont inscrits à un site communautaire, mais seulement un peu plus d’un foyer sur cinq dispose d’une tablette.

L’introduction des tablettes à l’école est-elle vraiment souhaitée ?

Parmi les personnes interrogées, les plus âgées sembleraient plus favorables à l’introduction des tablettes que les plus jeunes. C’est chez les 35-49 ans (84,8 %) et les 50 ans et plus (84,2 %) que cet outil paraît le plus utile en milieu scolaire, alors les 15-34 ans n’y sont favorables qu’à 72,6 %.

Ces résultats sont confirmés car on constate que la majorité des foyers est favorable à l’utilisation en école primaire sur les plus de 50 ans et les CSP+, en collège les 35-49 ans et CSP-, alors qu’en lycée la majorité revient au 15-34 ans et CSP+.

Par contre, on peut encore noter une certaine frilosité à l’introduction de ces appareils à l’école quand on en précise le niveau, car ils ne sont que 4 sur 10 à le souhaiter pour le niveau collège, un peu plus d’1 sur 3 en lycée et moins d’1 sur 4 en école primaire !

Y a-t-il de réels avantages à utiliser une tablette tactile en cours ?

Quel que soit le niveau de collège, le seul avantage prédominant est l’allégement des cartables pour 67% des français.

Les autres avantages semblent remporter moins de succès, on a même l’impression que les Français ne sont pas encore prêts à ce que ce nouvel outil d’apprentissage envahisse les établissements scolaires. 44% y voient une plus grande interactivité avec le cours et/ou le professeur, 41% apprécient le mode d’apprentissage ludique, mode d’apprentissage plus interactif que les livres à 40% ; ils sont 39% à apprécier une mise à jour permanente des cours, mais ne sont plus que 30% intéressés par un approfondissement du cours à portée du doigt et 29% pour l’utilisation de tablettes pour une correction immédiate.

L’utilisation des tablettes comporte des risques en particulier la dévalorisation des livres

Les Français sont très attachés aux livres, car ils pensent à 63% que les livres papier seraient dévalorisés aux yeux des enfants.

D’autres risques sont également cités : le vol (56%), l’exposition trop importante des enfants aux écrans (53%), le contenu d’internet pouvant être dangereux pour un enfant (40%), le risque de rupture du lien social (38%) ; enfin 34% des personnes interrogées considèrent que ce serait mettre un objet de trop grande valeur dans les mains des enfants.

Un dernier point important, 1 personne sur 4 pense que les enseignants ne sont pas prêts pour ce nouvel objet.

Comment financer ces équipements ?

Ces équipements ont un coût et 41% du panel pensent que c’est aux établissements de les prêter gratuitement.

38% sont favorables à une location annuelle auprès de l’établissement scolaire, 24% par l’achat subventionné par les collectivités territoriales. Ils sont seulement 6% à privilégier l’achat exclusif par les parents. Ceci confirme la proposition de la députée UDI Pascale Luciani-Boyer qui émet l’idée que les tablettes tactiles devraient être ajoutées à la liste des fournitures scolaires, et financées par l’allocation de rentrée scolaire.

Et l’horizon 2015 ?

Le gouvernement veut se projeter en 2025 et l’on peut supposer que l’éducation devra de plus en plus se rapprocher de l’utilisation du numérique. Il suffit pour s’en convaincre de constater quelle a été et quelle sera encore l’évolution exponentielle de l’utilisation de l’informatique et des nouvelles technologiques.

Si 24% des Français pensent que les enseignants ne sont pas prêts, on ne peut pas leur donner vraiment tort. Les enseignants ne sont pas du tout accompagnés pour faire face à ces évolutions, leur hiérarchie ne comprend même pas qu’ils puissent utiliser Twitter en classe ! De plus, historiquement, l’éducation nationale fonctionne de façon verticale, les ordres viennent du haut et les étages hiérarchiques sont nombreux (ministres, recteurs, inspecteurs…) ; et pourtant on sait que le savoir fonctionne horizontalement si bien que les enseignants perdent une certaine légitimité.

Pour autant, les enseignants ne seraient-ils plus nécessaires ? Certes non, les technologies ne peuvent pas les remplacer dans le classes, seulement leur rôle doit être redéfini et surtout leur formation complètement remaniée.

Des modes d’éducation en pleine évolution

Les systèmes évoluent, et pour survivre il faudra suivre cette évolution. Aux Etats-Unis, de plus en plus de parents ne scolarisent plus leurs enfants et l’apprentissage se fait par le numérique ou des associations de quartier. Les écoles du futur se multiplient, comme on peut le constater aux Pays-Bas où des iPads sont devenus des outils d’apprentissage.

Vincent Peillon parlait d’une rentrée 2013 numérique, souhaitons que le développement des TwittClasses, de l’e-formation ou des MOOCs et e-learning soient des succès et qu’ils se développent davantage.

Une nouvelle volonté gouvernementale

Notre système éducatif a donc pour mission de s’adapter à toutes les innovations mondiales. Nous nous trouvons à un grand moment de rupture technologique comme au XVe siècle avec l’apparition de l’imprimerie.

Le ministère de l’éducation s’est engagé dans une voie stratégique ambitieuse. Espérons, que ce nouveau plan ne soit pas, comme c’est le cas depuis cinquante ans, un nouveau plan sans suite et que les moyens nécessaires seront à la hauteur des ambitions que sont :

  • L’instauration d’un service public du numérique éducatif
  • 11 services numériques disponibles dès la rentrée 2013
  • 23 collèges labellisés « collèges connectés »
  • Une éducation renouvelée aux médias et à l’usage responsable d’internet et des réseaux sociaux
  • Des ESPE qui auront pour mission de former les enseignants à l’usage du numérique
Sources : chaire économie numérique de Paris-Dauphine, bulletin officiel

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