Tout se décide souvent en septembre dès le premier cours. Trente élèves attendent, impatients de savoir comment sera le prof, qui est souvent précédé par une certaine réputation. Les plus anciens élèves leur ont donné des informations, des conseils. Lorsque les élèves voient leur nouveau professeur, c’est une revue de détail complète, de l’habillement à la démarche, de l’accent au parfum, et à la fin du premier cours le professeur sera catalogué. De ce fait, les élèves vont aimer les maths et détester le français, ou l’inverse.
Les profs sont-ils conscients de cette réalité ? Ce sont eux qui animent leur matière et la rendent intéressante ou non. Ce sont eux les moteurs, mais le savent-ils, le peuvent-ils ou le veulent-ils. Ce sont eux qui vont donner vie à leur cours, qui vont faire partager leur passion. S’ils débitent un savoir de manière insipide, ils courent au désastre ; au contraire s’ils déclament à la Luchini, peut-être captiveront-ils plus leur auditoire. Même si tout le monde ne peut être génial, ils feront ce qu’ils peuvent avec ce qu’ils ont.
On ne devient pas cuisinier si on n’aime pas manger. On ne devient pas prof si on n’aime pas enseigner. Donner un cours, c’est se donner en représentation. Si l’on est enthousiaste, les élèves suivront. C’est en faisant aimer ce que l’on veut faire retenir que les élèves se souviendront.
Pourquoi certains aiment-ils lire, écrire ou s’intéresser à l’histoire ? Il y a peut-être un prof qui a suscité cette envie. Pour les élèves, rester sur son siège toute une journée, il faut en vouloir et certains profs sont capables de faire oublier cet inconfort à un auditoire qui ne pense qu’aux prochaines vacances, au prochain film avec les copains. Par contre, comment expliquer que les parents se plaignent quand ils ne savent pas quoi faire de leurs enfants pendant un week-end ! Ces profs qui ont la vocation réussissent à transmettre des connaissances.
Soyons réalistes, on ne pourra pas intéresser tout le monde, il y aura toujours les indifférents et ceux qui n’accrochent pas. L’école n’est pas faite pour tout le monde, ceux qui ne pas intéressés et ceux qui ne sont pas à leur place, et le modèle d’apprentissage est à inventer.
Comme les médecins ont le devoir de guérir, les profs ont le devoir d’intéresser.
Les profs doivent stimuler les élèves et la société doit stimuler les profs, les valoriser. Les profs ont un pouvoir immense, parfois proche de la manipulation. Ils peuvent changer la vie d’un élève, et consciemment ou non, ils sont » des allumeurs de réverbères ou des éteignoirs « . Ils peuvent être révélateurs de vocations mais aussi briseurs d’avenir.
Si l’on veut refonder l’école, il faut aussi penser à aider les professeurs à pouvoir s’améliorer ou même à parvenir à se réaliser.
(En complément, retrouvez les 27 qualités pour être un bon professeur)