Retour en arrière ou changement de cap dans les orientations du ministère, telle la procession d’Echternach (deux pas en avant, un pas en arrière), 70% des classes bilangues sont maintenues et l’allemand revient en force.
Supprimons les classes bilangues, disait-on en haut lieu, afin d’éviter l’élitisme. Mais en conservant une partie de ces classes, cela crée de nombreux mécontents et de grandes disparités. Si l’on a la chance d’être à Paris, 100% des classes sont conservées, mais à Lille, Lyon ou Limoges, c’est plutôt le désenchantement. Un élève n’a-t-il pas les mêmes chances selon son lieu de résidence ?
Faut-il vraiment maintenir ces classes bilangues ?
Avec l’introduction de l’apprentissage d’une deuxième langue dès la cinquième à la rentrée prochaine, cela semble vraiment superflu. Pourquoi ne pas avoir envisagé cet apprentissage dès la sixième, puisque les élèves apprennent une première langue à l’école primaire ? Ou est-ce plutôt une manière habile de maintenir et revaloriser l’allemand avec le maintien des trois quarts des classes bilangues.
Démocratisation de l’apprentissage des langues
45% des entreprises prennent comme critère de recrutement la maîtrise de la langue, et la France est actuellement très mal notée dans les classements internationaux. C’est pourquoi Najat Vallaud-Belkacem souhaite une continuité entre l’école élémentaire et le collège, avec un apprentissage d’une première langue dès le CP, au lieu du CE1, puis d’une seconde langue en 5e, au lieu de la 4e. Ainsi, chaque élève bénéficiera de 54 heures supplémentaires pour chaque langue au cours de sa scolarité.
Le nombre de collèges proposant trois langues augmentera également, pour atteindre 85% d’entre eux.
L’effort concernera particulièrement l’allemand, qui bénéficiera également d’un service en ligne « Deutsch für Schulen », programme numérique pour accompagner les enseignants, les élèves et les parents.
Mais hors l’anglais, bien sûr, et l’allemand, les autres langues ne seront pas sacrifiées. Bien au contraire, puisque 200 nouvelles écoles enseigneront l’espagnol, l’italien, le portugais, l’arabe, le chinois ou le russe ; de même que les langues régionales seront enseignées dans plus d’écoles.
Plus d’heures de langues donc plus de professeurs
Les recrutements supplémentaires d’enseignants cette année concerneront les langues vivantes. Le nombre de postes ouverts aux concours du Capes et l’agrégation en allemand seront presque triplés par rapport à 2010. La formation continue sera également plus importante, en particulier pour les professeurs volontaires des écoles élémentaires. Des professeurs du secondaire pourront même épauler leurs collègues du primaire, ce qui assurera une meilleure continuité entre école primaire et collège.
C’est aussi le retour des assistants de langues étrangères en école primaire. Mais soyons réservés sur cette mesure. Il ne s’agit plus, comme par le passé, d’étudiants étrangers, mais des étudiants en langue d’un « certain niveau ». Seront-ils bénévoles ou seront-ils rémunérés ?
Enfin les échanges avec des établissements à l’étranger seront facilités.
Ces nouvelles mesures ne feront sans doute pas que des heureux. Est-ce un hasard que ces mesures soient aujourd’hui proposées, quand on sait que le 22 janvier est l’anniversaire du « traité de l’Elysée » qui scelle depuis 1963 la coopération avec l’Allemagne ? Il faut sauver l’amitié franco-allemande.
Attendons toutefois de vérifier si les actes seront à la hauteur des paroles…