Faut-il craindre la disparition de l’allemand et des classes européennes avec la réforme du collège ?

Depuis la publication du projet de réforme du collège, les inquiétudes sont nombreuses quant à la disparition des classes bilangues avec de l’allemand.

Députés français et responsables allemands inquiets

Ainsi une soixante de députés, membres du groupe d’amitié franco-allemand, dénonce cette disparition de classes bilangues allemand. Depuis une dizaine d’années, des efforts avaient été faits pour relancer l’enseignement de l’allemand en France, et l’enseignement du français en Allemagne. Ces efforts risquent d’être anéantis.

Il n’y a pas que certains de nos députés qui s’en inquiètent. En Allemagne, la même crainte s’est installée, en particulier le ministre-président de Hambourg, Olaf Scholz, qui a fait état de son inquiétude et a demandé des explications par un courrier adressé à Najat Vallaud-Belkacem le 2 avril dernier. Il semblerait que la ministre n’a pas reçu le courrier ! Ce qui inquiète également les Allemands, c’est l’avenir de la filière d’enseignement professionnel franco-allemande, spécialisée dans l’aéronautique basée près de Bordeaux. « Y aura-t-il encore assez de germanophones en France ? »

Vers un appauvrissement de l’enseignement

Cela faisait plus de vingt ans que les classes européennes apportaient une valeur ajoutée à l’enseignement français. Le dispositif compte aujourd’hui 5.800 sections européennes. Quel bénéfice réel en tirent ces élèves qui ont la chance d’apprendre une langue vivante dès la sixième, pas obligatoirement l’anglais, et de manière intensive. N’est-ce pas par une grande pratique et une grande régularité que cet apprentissage devient une vraie valeur, comme par exemple des cours d’histoire-géographie, ou de sport, ou…, pratiqué dans une autre langue.

La réalité est tout autre. On veut faire croire que ce sera une chance pour tous les collégiens de pouvoir bénéficier des mêmes « services » grâce à l’apprentissage d’une seconde langue dès la cinquième, mais on cherche bien à nous leurrer. La ministre de l’Education nationale justifie cette suppression en invoquant l’élitisme de ces sections européennes. Quelle manière habile de niveler l’enseignement public vers le bas, et de favoriser l’essor de l’enseignement privé où certaines familles trouveront ce que le public ne peut plus leur offrir.

Que dire des autres langues, le russe ou le portugais vont-elles également disparaître ? Ce n’est pas avec 2h30 d’enseignement de langues par semaine que les français, déjà jugés mauvais en langues étrangères, seront meilleurs !

Mais la nouvelle réforme profitera-telle réellement à l’allemand ?

« L’apprentissage de la première langue vivante étrangère commencera dès le cours préparatoire », à partir de la rentrée 2016. « Pour tous les élèves qui ont suivi l’allemand en primaire, les classes bilangues demeurent en 6». Ainsi « les élèves qui ont appris une autre langue que l’anglais en élémentaire » pourront débuter l’apprentissage de l’anglais en LV2 dès la 6e. »

C’est ce que vient dire la ministre de l’Education nationale dans son communiqué de presse du 16/05/2015. Elle ajoute que le ministère va anticiper « l’augmentation du nombre d’élèves pratiquant l’allemand en recrutant plus d’enseignants ».

La réforme du collège a été adoptée il y a juste une semaine. Comment peut-on interpréter ce communiqué ? Nous prépare-t-on une nouvelle fois une modification de  la réforme ou une marche arrière avant l’appel à la grève du 19 mai où 7 syndicats se mobilisent « pour une autre réforme » ?

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