Faire redoubler ou non certains élèves, la question est toujours sans véritable réponse. C’est sans doute pourquoi le Conseil national d’évaluation du système scolaire ouvre aujourd’hui, pour deux jours, une conférence de consensus sur le redoublement. Les spécialistes vont témoigner du redoublement, de ses effets ou des remèdes que l’on peut apporter.
Le redoublement est une pratique courante en France, pays qui se place au 5e rang des pays de l’OCDE. 28% des jeunes de 15 ans ont redoublé, 82% des élèves sont en retard en CAP contre 57% en seconde professionnelle ou 20% en seconde générale et technologique.
Tous les jeunes ne sont pas égaux devant l’éventualité de redoubler. Les garçons sont plus touchés que les filles. Plus les parents sont éduqués, moins les enfants redoublent. Si les parents ne parlent pas français, leurs enfants ont 79% de chance de plus de redoubler que si les parents parlent français.
Le redoublement sert-il ?
Lorsque l’on compare les élèves de troisième, ceux qui ont « du retard » obtiennent de moins bonnes notes que ceux qui sont « d’âge normal ». On constate aussi que si un élève redouble son CP, il a moins de chances de faire des études longues. Sur le plan de la réussite scolaire, on remarque malheureusement que les élèves qui ont redoublé sont plus sujets que les autres au décrochage et sont notés comme moins performants en tant que salariés. La démotivation n’entraîne-t-elle pas la baisse de performance également ?
Comment faire autrement ?
Dans d’autres pays, le redoublement a disparu dans certains établissements où l’on privilégie d’autres pratiques. Par exemple, en Allemagne ou en Espagne, un élève qui rencontre des difficultés passera dans la classe supérieure sous conditions. Il devra suivre un programme de rattrapage dans la matière où il éprouve des difficultés.
Une autre solution consisterait à réduire le nombre d’élèves par classe, pour éviter l’échec et le redoublement. Ce système aurait le double avantage : permettre aux enseignants de plus individualiser le travail des élèves, réduire la probabilité du nombre d’élèves perturbateurs par la diminution de l’effectif.
Certains établissements français ont réduit le nombre de redoublements, grâce à des moyens supplémentaires permettant de suivre les élèves en difficulté par des dispositifs locaux hors de leur collège.
Le redoublement, un système qui a la vie dure
Et si on y tenait vraiment ! Les collégiens et lycéens y sont, majoritairement, favorables. 80% y voient une seconde chance et 73% le jugent utile. 71% des collégiens et lycéens affirment « J’ai eu de meilleurs résultats l’année redoublée ». Malgré tout 59% se sont ennuyés en refaisant le même programme.
Les professeurs se plaignent toujours du redoublement et de ses effets négatifs et le pratiquent toujours. « Le redoublement apparaît en effet comme un des instruments de la sélection méritocratique qui, elle-même, symbolise un certain pouvoir enseignant et modèle de fonctionnement du système scolaire aujourd’hui en crise ».
Quant aux parents, ils y sont également favorables. Seuls 41%, selon un sondage de l’APPEL, jugent le redoublement mauvais.
Les RASED une réponse à la suppression du redoublement ?
Depuis quelques années on a réduit le nombre de postes en RASED, et même si depuis 2014 une légère hausse semble s’amorcer, est-ce la solution palliative ?
L’efficacité des RASED a été sujette à de nombreuses critiques, en particulier le fait d’être trop isolés de la classe. Pourtant l’université de Paris-Descartes a montré que « 70% des élèves ayant suivi 30 heures d’aide rééducative font effectivement des progrès ». Alors, pourquoi supprimer certaines classes de type CLAD ? Cela coûtait peut-être trop cher.
Le redoublement, aussi, a un coût
Supprimer des RASED ou certaines aides coûte sans doute de l’argent. Mais comparé au coût du redoublement, que vaut-il mieux choisir ?
Selon l’IPP (Institut des politiques publiques), le redoublement coûterait environ 2 milliards par an, dont la moitié pour le lycée. Mais en supprimant le redoublement, toujours selon l’IPP, il faudrait attendre 2027 pour récupérer les 2 milliards. Le décret de 2014, supprimant quasiment le redoublement, permettra d’atteindre cet objectif.
La solution ?
Supprimer le redoublement ? Oui, très bien. Quelles sont les solutions envisagées pour la réussite des élèves ? Faut-il attendre un coup de baguette magique ? Jusqu’à maintenant, il ne semble pas qu’on ait trouvé la solution miracle.