Le caractère € (euro) n’est toujours pas bien intégré dans nos claviers d’ordinateurs, et pourtant dès 2018 un nouveau signe devrait faire son apparition, peut-être sur la ligne des signes de ponctuation : le point médian. Et pourtant l’introduction de l’euro date des années 90 et nos claviers n’ont guère changé ! Alors pourquoi ce nouveau signe serait-il inclus aussi rapidement ?
Qu’est-ce que le point médian ?
Selon l’Association française de normalisation (Afnor2) « On envisage que ce signe apparaisse sur une touche en bas à droite, là où il y a beaucoup de ponctuations ». Ce point médian, ou point milieu, est un signe typographique préconisé par les féministes pour utiliser l’écriture inclusive. Par exemple
Après avoir féminisé beaucoup de noms de professions (pourquoi pas ?), voici une nouvelle forme qui risque de compliquer encore plus l’écriture. Pauvres élèves et étudiants qui ont déjà tant de mal à écrire sans fautes. « Une auteure » est bien le féminin de « un auteur » ; mais pourquoi n’aurait-on pas dit « une autrice » comme « un instituteur – une institutrice » ou « une auteuse » comme « un chanteur – une chanteuse », ou encore une « autoresse » comme « un docteur – une doctoresse ». Mais au fait, quel est le féminin de « un homme-grenouille » ?
Pour en revenir au point médian, on peut, de plus, lire des phrases du type « les musicien·ne·s sont arrivé·e·s ». La lecture en devient parfois incompréhensible, même les correcteurs orthographiques de nos ordinateurs y perdent leur latin.
Comme on pouvait le lire dans Le Figaro du 6 octobre, « Cher·e·s lecteur·rice·s, apprivoisez la novlangue égalitaire… Pour que les femmes comme les hommes soient inclus·e·s, se sentent représenté·e·s, le Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes recommandait en 2015, dans un guide pratique d’utiliser l’écriture inclusive. » Quant aux mots épicènes (qui ne varient pas selon le genre) l’usage de l’ordre alphabétique est prépondérant, tel « la·le concierge »
En Suède, on est même allé plus loin en introduisant les pronoms neutres. Si bien qu’en français il et elle se transformerait en « iel », ils et elles en « iels », ou encore celles et ceux deviendrait « celleux » ou « ceulles »…
C’est ainsi que l’académicien Michael Edwards se demande « Comment lire ce charabia ? ». Et si les articles de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen étaient réécrits en utilisant ce système typographique. « Nul·le homme/femme ne peut être accusé·e, arrêté·e ni détenu·e que dans les cas déterminés par la loi ».
Masculin, féminin ou neutre, en grammaire le masculin ne remplace-t-il pas le neutre ? On parle bien « des Droits de l’homme », un masculin qui a valeur de neutre, ou « les humains »… !
Jusqu’à présent, le Ministère de l’Education nationale se montre très prudent et réservé.
L’écriture inclusive dans les manuels scolaires
Hatier est le premier à utiliser l’écriture inclusive dans un manuel d’histoire qui s’adresse aux élèves de CE2. La lecture, pour les élèves de cet âge, est encours de consolidation, mais pour les auteurs de l’ouvrage il ne s’agit pas d’un livre destiné à apprendre à lire, mais plutôt d’un ouvrage qui propose de « questionner le monde ».
Très fier.ère.s d’avoir publié le premier manuel scolaire en écriture inclusive ! Magellan Questionner le Monde CE2. https://t.co/lKnNN1wfJV
— Editions Hatier (@EditionsHatier) 23 septembre 2017
Ce manuel, destiné aux écoliers, promeut l’écriture « inclusive » ou « genrée » qui féminise tous les noms. On y lit que « grâce aux agriculteur·rice·s, aux artisan·e·s et aux commerçant·e·s, la Gaule était un pays riche ».
Les politiques et l’écriture inclusive
Après les « celles et ceux » de Robert Hue, candidat en 2002, d’autres politiques actuels ont utilisé l’écriture inclusive.
A commencer par le programme de Philippe Poutou, rédigé en utilisant cette typographique, on pouvait lire par exemple : « droit de vote à toutes les élections pour les résidentEs étrangerEs » […] « Nous exigeons l’amnistie pour tous les manifestantEs inculpés. » […] « nous exigeons l’arrêt des productions inutiles et dangereuses, dont l’armement, avec la reconversion des travailleurEs de ces secteurs »…
Ou Jean-Luc Mélenchon qui écrivait sur des tracts « les Marseillais·e·s ont déferlé » ;
Ou Benoît Hamon qui écrivait « Je refuse que l’on joue à diviser les Français·es ».
On croyait cette graphie limitée à l’extrême gauche, mais le centre et la droite s’y adonnent également.
La République en Marche avait pour acronyme « REM » ou « LREM ». Désormais, il faut dire « LaREM ». Sous le logo, on peut même lire « vos député·e·s en marche ! ».
Un tweet des Républicains était rédigé ainsi « élu·e·s parisien·n·es mobilisé·es pour Paris 2024 ».
Terminons par Florian Philippot qui, dans un tract, écrivait « patriotes et âgé·es de moins de vingt-cinq ans », ou Pierre Gattaz qui évoquait les « entrepreneu·e·s »
Et dans la pratique ?
Comment écrire ce point médian sur notre clavier? Voici les codes :
Raccourci clavier : Alt+0183
Code HTML : ·
Code ISO : ·
Quel avenir peut-on envisager pour ce nouveau type d’écriture ?
Sur Windows l’on aussi Alt+0183… et une extension du même nom, pour en faciliter la saisie : http://www.alt0183.org
Les raccourcis-clavier sont en réalité plus nombreux et variables, car il dépendant de la configuration logicielle (Windows, MacOS, Linux…) et matérielle (smartphone, tablette, claviers Azerty, Qwerty, Bepo…) de chacun·e. Pour le point médian, ils sont listés sur Wikipédia : https://fr.wikipedia.org/wiki/Point_m%C3%A9dian#Saisie_au_clavier