Le CNESCO (Conseil national d’évaluation du système scolaire) rend un rapport accablant sur le système éducatif inégalitaire de la France. Cette étude sur 30 ans montre que les inégalités se creusent de plus en plus et que l’enseignement prioritaire a ses limites. Plus graves encore, les inégalités augmentent en France alors qu’elles diminuent dans les autres pays de l’OCDE !
Les inégalités s’ajoutent et progressent jusqu’à l’insertion dans le monde du travail. Et à diplôme égal, les chances ne sont pas les mêmes pour un enfant de cadre ou un enfant d’ouvrier.
Contrairement aux idées reçues, les familles immigrées sont plus mobilisées que les autres. « A niveau d’éducation, milieu socio-économique et résultats de l’enfant donné, les familles issues de l’immigration maghrébine envisagent ainsi trois fois plus une orientation vers un bac général que les familles natives en France ». Mais cette volonté n’est pas signe de réussite, car les résultats scolaires ne suivent pas. Investissement ne signifie pas réussite.
Favoriser l’éducation prioritaire n’est pas significatif. Plus de moyens financiers pour un faible résultat. Ce ne sont pas 2 élèves de moins par classe en moyenne qui permettront de mieux apprendre. En effet, les élèves qui sont en établissement d’éducation prioritaire ont moins de temps d’apprentissage que ceux fréquentant le système ordinaire. Il faut faire face aux problèmes de discipline, réduisant ainsi le temps éducatif, pénalisé de surcroît par des professeurs plus jeunes, donc moins expérimentés.
Que l’on ait changé le nom des établissements en éducation prioritaire, appelés aujourd’hui REP ou REP+ n’y change rien, ce n’est qu’un effet cosmétique.
Selon le rapport « on est loin du mythe de l’égalité des chances (…) et plus encore de la promesse de 1982 de ‘donner plus à ceux qui ont moins’ ».
Peut-être faudrait-il cesser la « réformite » et suivre quelques recommandations du CNESCO : rendre obligatoire la formation continue des enseignants et encourager les expérimentations pédagogiques en primaire; relancer la scolarisation des moins de 3 ans, prévue par la Refondation mais encore trop modeste, et expérimenter un « professeur des apprentissages fondamentaux » pour prévenir la difficulté en primaire ; dans le secondaire, renforcer la mixité sociale dans les 100 collèges les plus ségrégués, ce qui signifie aller bien au-delà des quelques expérimentations de mixité sociale annoncées par la ministre Najat Vallaud-Belkacem.