Le Président François Hollande réalise le rêve des élèves. Il l’a annoncé lors de son interview de mi-mandat, tous les élèves de 5e seront équipés d’une tablette. Mais le père Noël ne passera pas cette année, il leur faudra attendre 2016.
Une bonne idée
Le codage informatique doit être appris au plus tôt. « Tout élève, en sortant du système scolaire doit être capable de réaliser de petites applications utilisant des algorithmes simples. (Conseil Supérieur des Programmes) ». C’est même dès l’école primaire qu’il faut commencer. Sur la base du volontariat, les enfants pourront apprendre des algorithmes simples, pendant les activités périscolaires.
Une idée qui a ses limites
Pourquoi avoir choisi les élèves des 5e ? Cette décision a été prise sans aucune concertation avec les enseignants.
Mettre à disposition des tablettes en 5e ou pour les activités périscolaires, cela a un coût en matériel et en personnel. Sans être très précis, le Président de la République a annoncé que l’Etat dégagera de l’argent. Quant au personnel, il sera demandé aux enseignants de s’impliquer !
Des tablettes pour 800.000 élèves, c’est sans doute une bonne nouvelle pour les entreprises, mais les enseignants sont plus sceptiques. Pour eux, cet équipement ne permet pas d’aborder les vrais problèmes éducatifs. 49% seulement des enseignants sont convaincus de l’intérêt des outils numériques. S’ils n’y sont pas vraiment favorables, les raisons sont pleinement justifiées. Combien sont à la recherche d’un vidéoprojecteur pour une utilisation en cours ? Que dire du parc informatique souvent mal entretenu ? Comment seront formés les enseignants ?
Ces annonces semblent totalement déconnectées pour les enseignants, alors que l’on voudrait nous promettre une école connectée. Le plan informatique pour tous, lancé en 1985 par Laurent Fabius, avait été un échec avec des ordinateurs totalement dépassés. Combien de machines étaient restées dans les cartons !
Il apparaît que l’utilisation de la tablette est plus difficile en matière de programmation, sur laquelle il est plus difficile de programmer que sur un ordinateur.
Sans vouloir être trop pessimiste, cela ressemble à un beau cadeau avant les élections de 2017, mais peut-être un cadeau empoisonné.
Enfin, ces tablettes seront-elles stockées dans les établissements ou les élèves pourront-ils les rapporter à la maison. Mais alors, dans ce dernier cas, qu’adviendra-t-il à celui qui l’oublie ou même qui aura une tablette non rechargée ? Beaucoup de questions auxquelles il faudra répondre, et pour lesquelles la concertation sera bien nécessaire.
Une note optimiste pour terminer
Plusieurs conseils généraux ont équipé les élèves de certaines classes de collèges en tablettes, particulièrement en 6e. Ces outils sont de bons compléments, ils sont simples à utiliser. Les manuels numériques commencent à se développer et apportent des opportunités supplémentaires : les exercices peuvent être individualisés ; en langues, le support audio et visuel favorise l’apprentissage ; les ressources vidéos ou photographiques peuvent être plus importantes dans les matières telles que la géographie, l’histoire ou les sciences.
Sans être ou trop pessimistes ou trop optimistes, plusieurs établissements testent actuellement ou ont testé l’an dernier ces nouveaux outils. Leur bilan sera sans doute très instructif pour corriger les erreurs avant une utilisation généralisée. (A titre d’illustration, consulter le bilan des collèges d’Indre-et-Loire)