On constate que 11% des Français sont en grande difficulté face à l’écrit. Les derniers résultats connus montrent que ce pourcentage a reculé entre 2004 et 2011. Mais peut-on pour autant s’en réjouir ?
Tous les Français ne sont pas égaux devant l’écrit
Le pourcentage de Français en difficulté varie selon plusieurs critères. Citons en particulier : l’âge, le niveau d’études et la zone d’habitation.
En difficulté selon l’âge (source INSEE 2011)
- 16-30 ans : 6%
- 30-49 ans : 11%
- 50-65 ans : 16%
Selon le niveau d’études
- Niveau supérieur : 2%
- Niveau secondaire : 11%
- Niveau primaire : 42%
Selon le lieu d’habitation
Dans les zones urbaines sensibles, 27% des 18-65 ans ont des difficultés contre 11% pour les autres quartiers.
On constate également un taux d’illettrisme bien plus élevé : 15% en ZUS contre 7% dans le reste de la France. Le taux d’illettrisme est même quatre fois plus élevé chez les jeunes (12% contre 3% en moyenne en France). On observe également que les femmes habitant les ZUS sont plus touchées que les hommes par ce phénomène, sans doute sont-elles plus éloignées de la sphère professionnelle.
Des enquêtes qui n’ont rien de rassurant
Nous avions observé, lors des résultats du dernier classement PISA, que la France reculait encore. Ainsi, si l’illettrisme parait diminuer entre 2004 et 2011, les prochains résultats risquent d’être différents. En effet, le classement PISA concerne les enfants de 15 ans, et si leur niveau baisse, dans quelques années le niveau moyen des Français risque lui-aussi de décroître.
D’autres études, tels TIMSS et PIRLS confirment ce phénomène de baisse. Celles-ci ont été également réalisées en 2011. TIMSS (Trends in international Mathématics and Science Study) prend en compte les résultats en mathématiques et la France n’y a pas participé. Est-ce que parce qu’on redoute les résultats ? La prochaine étude aura lieu en 2015.
A propos de PIRLS (Progress in International Reading Literacy Study), l’étude porte sur la lecture des élèves de niveau CM1 (10 ans). La France se situe au-dessus de la moyenne internationale fixée à 500 et obtient un score de 520. En comparaison les pays de l’Union européenne (23 pays) obtiennent un score de 534, et les pays de l’OCDE (25 pays) un score de 538. Moins bons que les Français, on ne trouve que l’Espagne, la Belgique (communauté française) et la Roumanie, pire encore les Français sont sur-représentés dans le groupe le plus faible et sous-représentés dans le groupe le plus fort. Une autre source d’inquiétude pour l’avenir car on constate une baisse du score sur 10 ans : 525 en 2001, 522 en 2006 et 520 en 2011 ; cette tendance est encore plus accentuée chez les filles que chez les garçons. A vouloir l’égalité des sexes, on aboutit à un nivellement par le bas.
Lorsque l’on affine un peu plus les résultats, on se rend compte que la lecture de textes informatifs ou de textes narratifs donne des niveaux très voisins. Il n’en est pas de même quand on aborde des compétences plus complexes. Les élèves français sont toujours sous la moyenne européenne, avec un score de 528 pour les compétences « prélever et inférer », mais surtout de 512 pour « interpréter et apprécier ». Personne ne sera surpris de constater que le pays le mieux classé sur l’échelle PIRLS est la Finlande !
L’illettrisme avait été déclaré grande cause nationale de l’année 2013, on peut aisément comprendre pourquoi.