L’OCDE blâme le système scolaire français

Pourquoi la France se classe-t-elle si mal dans l’échelle PISA ? Andréas Schleicher, directeur de l’éducation de l’OCDE, considère que « l’enseignement, en France, n’est pas pertinent ». Pourquoi cet enseignement n’est-il pas pertinent ? Parce que la France est en complet décalage avec son époque. Toujours, selon Andréas Schleicher, le monde se moque de ce que l’on sait, mais s’intéresse bien plus à ce que l’on sait en faire.

Selon Andréas Schleicher, la France gère mal ses enseignants. En France, on se focalise sur le nombre trop important d’élèves par classe, alors que dans les pays asiatiques travailler avec 40 élèves ne pose aucun problème. En Chine, par exemple, les enseignants sont formés à la gestion de classe, au Japon les professeurs savent optimiser le temps qu’ils passent avec chaque élève.

Une autre raison des mauvais résultats dans notre pays, les enseignants ne collaborent pas. Chacun fait son travail dans son coin. A titre de comparaison, à Shanghaï, ils recevraient des conseils chaque jour, ou à Singapour où ils bénéficieraient de 100 heures de formation annuelle.

En France, il faut donner les moyens d’enseigner différemment en adaptant la pédagogie au niveau des élèves. Les enseignants ne doivent plus être considérés comme des exécutants, mais être les acteurs de leur métier. Peut-être qu’ainsi, le métier sera-t-il plus attractif.

Une autre idée concerne l’affectation des enseignants, plus il est installé dans sa carrière, plus il a le choix de ses élèves, laissant les classes les plus difficiles aux tout jeunes diplômés. Au contraire, à Shanghaï, à Singapour, au Canada ou en Finlande, les enseignants les plus talentueux, s’ils veulent progresser dans leur carrière, exercent également dans les établissements difficiles. Ils montrent ainsi qu’ils sont capables de relever des challenges.

La France se veut égalitaire à tous les niveaux, et pourtant l’école française est l’une des plus inégalitaires du monde.

Enfin, la France a bien du mal à faire bouger son école. En cause, les réformes qui ne se passent pas toujours très bien. En effet, elles sont imaginées, en secret, dans les cabinets ministériels et ensuite imposées aux enseignants et aux parents. Dans les pays précédemment déjà cités, il en est tout autre. Les réformes ne sont pas appliquées avant d’avoir été bien expliquées. En Finlande, même, les directeurs d’écoles passent un tiers de leur temps à travailler avec les autorités locales. Alors, Mesdames ou Messieurs les ministres de l’Education, pensez à ces idées.

La réforme des rythmes scolaires n’aurait-elle une certaine ressemblance avec ses sages conseils, puisqu’elle est appliquée après concertation avec les différents acteurs du système éducatif ? Souhaitons qu’elle réussisse à améliorer le niveau des élèves, afin de redonner à la France la place qu’elle espère dans les classements mondiaux. Mais en France, sous la Ve République, les ministres de l’Education sont renouvelés tous les 22 mois, c’est bien peu pour mener une réforme à son terme.

Source : propos d’Andrés Schleicher, dans l’article du Monde du 29/08/2014.

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