Najat Vallaud-Belkacem, dans sa réforme du collège a prévu de supprimer les classes bilangues dès la rentrée prochaine. Les recteurs sont chargés de faire appliquer les directives du ministère de l’Education mais restent maîtres dans leurs choix éducatifs.
Selon France Bleu Alsace, le recteur de l’académie de Strasbourg a réussi à maintenir les classes bilangues en Alsace. Nul doute qu’il a dû argumenter pour obtenir satisfaction. « Comme chaque recteur reste maître chez lui. En Alsace, la politique en faveur du bilinguisme et en faveur des langues en général demeure et je me suis battu pour cela. » Les mesures nouvelles de la réforme ne devraient pas concerner l’Alsace, en raison de sa situation géographique. Ainsi, les élèves qui ont débuté l’apprentissage de l’allemand à l’école primaire pourront continuer en 6e en même temps que l’apprentissage de l’anglais.
Les classes bilangues concernent 15,9% des collégiens sur l’ensemble du territoire, mais l’Alsace en compte 60%. Cela peut se comprendre aisément, car dans cette région, 70% des entreprises installées en Alsace demandent une bonne pratique de l’allemand.
Peut-on envisager un autre assouplissement de la réforme, où d’autres régions pourraient demander le même maintien des classes bilangues. De plus, avec le nouveau découpage des régions, l’Alsace se trouve associée à la Lorraine et à Champagne-Ardennes. En Lorraine, la Moselle n’est-elle pas frontalière avec l’Allemagne, la Meurthe-et-Moselle avec le Luxembourg ? N’oublions pas qu’il existe dans cette région une langue régionale parlée, qui est le platt ou francique lorrain, et que c’est la 3e langue régionale de France ! En lançant la réforme des collèges, n’aurait-il pas fallu se renseigner sur les réalités locales, ce qui aurait évité de fâcher les germanistes ou nos voisins allemands.
Image d’illustration : « Plus de langues, plus de chance dans la vie et le travail »