Quelle place faut-il accorder à certaines fêtes dans les écoles?

La polémique continue pour savoir qui est pour ou contre la célébration à l’école de la fête des mères ou la fête des pères, ou de toute autre fête. L’école publique est laïque, apolitique, ouverte à la tolérance, mais doit faire face à toutes les évolutions de société. Qui dit évolution, ne veut pas dire pour autant ne respecter que les minorités ou les extrêmes.

Le cas « Fête des mères »

La fête des mères est annoncée à renfort de médias et de publicités et fait partie des traditions mondiales. Beaucoup de pays célèbrent cette fête en mai où les enfants mettent à l’honneur leurs mères, en leur offrant des gâteaux ou des objets qu’ils ont confectionné à l’école. Pour la petite histoire, les Etats-Unis ont instauré en 1908 le Mother’s Day, en souvenir de la mère de l’institutrice Anna Jarvis.

Une fois de plus, en France, juste avant le 25 mai, fête des mères officielle, on insiste sur le problème que cette fête pose aux familles monoparentales ou séparées pour trouver de bonnes raisons pour supprimer cette fête l’école. Pourquoi doit-elle toujours trancher en faveur de la minorité ? Ne peut-on pas imaginer que les cas particuliers puissent s’accommoder de ce qui convient à la majorité et trouver un palliatif pour régler son cas personnel ?

C’est ainsi que, comme le rapportent plusieurs médias que l’école d’Allinges, en Haute-Savoie a décidé de ne pas fabriquer de cadeau pour la fête des mères, pas plus que pour la fête des pères. Pas de collier de nouilles ou de dessous-de-plat en pinces à linges ! La justification a été écrite dans les carnets de liaison des élèves : « Madame, Monsieur. Afin d’éviter les situations délicates pour de nombreux élèves dans l’école, à l’évocation de la fête des mères ou de la fête des pères, le conseil de maîtres a décidé que ces événements ne seraient plus l’occasion d’un travail en classe, quel que soit l’âge des enfants, y compris en maternelle. (…) Nous laisserons donc le soin aux familles de traiter le sujet elles-mêmes si elles le souhaitent ».

L’école évite ainsi les situations délicates. Les parents sont assez partagés sur cette décision qui n’est pas une première. Var Matin faisait écho, l’an dernier, d’une directrice qui, par souci d’équité et respect des nouvelles valeurs sociétales, avait décidé d’abolir la fête des Mères et la fête des Pères. Combien d’enseignes risqueront de faire faillite si l’on supprime définitivement cette fête, et aussi peut-être combien de mères et de pères pourraient grossir les rangs des chômeurs !

Quelles sont les valeurs réelles de cette fête ? Certaines écoles ont plus ou moins résolu cette difficulté en créant la fête des parents ou la fête des familles, en la mettant à une date intermédiaire entre la fête des mères et la fête des pères.

Et les autres traditions ?

A vouloir à tout prix rendre les situations les plus neutres possibles, les plus aseptisées possibles, doit-on encore conserver certaines fêtes, qui font partie des traditions et du patrimoine ?

A titre d’exemple, dans certaines écoles, on fête Saint Nicolas aux alentours du 6 décembre. Cette tradition est vivace dans le nord-est de la France, comme dans les pays voisins de ces régions. Cela ne pose-t-il pas un problème avec la laïcité quand on évoque le nom d’un saint ? Saint-Nicolas se rend en visite dans bien des écoles de Lorraine, par exemple, et cela fait partie des traditions quand on sait que Saint-Nicolas est le saint patron de la Lorraine !

Noël n’est-il pas fêté dans beaucoup d’écoles, alors qu’avant de devenir un grand commerce, il s’agissait bien d’une fête religieuse. Dans ce cas, doit-on supprimer l’organisation des marchés de Noël dans les écoles ?

On partage aussi la galette des rois. L’épiphanie n’est-elle pas une fête religieuse ?

C’est bien vite oublier notre histoire de France, ses valeurs, et ses traditions. L’école a pour vocation de rassembler et l’occasion de ces fêtes est bien un moment de partage où tous vont collaborer autour d’une même idée. Les moments de rassemblement et de communication deviennent de plus en plus rares dans ce monde individualiste si bien qu’il serait dommage que sous un prétexte de neutralité, on creuse encore le fossé entre les uns et les autres.

Que dire des vacances ?

Articulées sur les fêtes religieuses (Toussaint, Noël, Pâques), même si leur dénomination a changé, doivent-elles être préservées au saint nom de la neutralité. Le lundi de Pâques ou le jeudi de l’Ascension existent bien dans les congés officiels du calendrier scolaire. Pourquoi alors ne pas y inclure Roch Hachana, Pourim, Aïd el-Fitr ou Achoura, par exemple, afin d’assurer l’égalité avec d’autres religions. Mais alors, direz-vous, que pourraient revendiquer ceux qui sont athées ou agnostiques, pourquoi n’auraient-ils pas droit à une fête particulière ?

En conclusion, que faut-il fêter, que faut-il célébrer, que faut-il respecter, ou tout simplement ne plus rien célébrer du tout pour ne plus froisser personne ?

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