Roland Garros débute ce week-end. Au Sénat, c’est le match de la réforme du collège qui se joue. Le combat entre majorité et opposition s’est poursuivi hier, où Najat Vallaud-Belkacem affrontait le Sénat.
Les opposants
Le Président du Sénat, Gérard Larcher, soutient les opposants à la réforme et avait lancé ce communiqué « Faut-il, pour rompre l’ennui des élèves et résoudre l’échec scolaire qui concerne un nombre croissant d’enfants, supprimer les dispositifs qui permettent de valoriser le mérite et l’effort au sein des collèges ? D’un trait, on détruit ce qui faisait l’excellence de l’école française. D’un trait, on officialise le nivellement des élèves et de leur formation vers le bas… ». Gérard Larcher demande l’abrogation des décret et arrêté parus au Journal Officiel de mercredi 20 mai.
Colette Mélot, UMP, accuse également « votre but est le nivellement par le bas. Les parents des classes populaires ne vous demandent pas de saborder l’élitisme républicain, mais de donner à leurs enfants les moyens d’y parvenir. Au contraire, vous décimez les heures de français, supprimez le latin et le grec, les classes bilangues et les classes européennes… Vous abandonnez les enfants des quartiers populaires et l’enseignement dans les zones urbaines sensibles ».
Jean-Marie Bockel, UDI, dénonce « le sacrifice des classes bilangues et européennes…, l’atteinte portée à l’enseignement du latin et du grec, l’affaiblissement de l’enseignement de l’histoire, l’incompréhensible introduction des enseignements pratiques interdisciplinaires vont aggraver les problèmes que connaissent déjà nos collèges ».
Même à gauche, Brigitte Gonthier-Morin, du groupe communiste, regrette une réforme qui « réduit les enseignements obligatoires ».
La ministre de l’Education répond
Najat Vallaud-Belkacem a répondu, utilisant une figure de style bien connue, l’anaphore. « Le nivellement par le bas, c’est quand les familles craignent de mettre leurs enfants dans un collège car ils ont peur qu’il ne puisse l’éduquer. Le nivellement par le bas, c’est quand on assiste depuis dix ans, les bras ballants, à la baisse du niveau de tous les élèves sans rien faire, sinon en l’aggravant avec la diminution des heures, la suppression de postes et de la formation des enseignants. Le nivellement par le bas, c’est aussi quand les milieux modestes en viennent à intégrer spontanément et psychologiquement le caractère, selon eux, inéluctable de l’échec scolaire. C’est pourquoi nous cherchons à renforcer l’acquisition des fondamentaux… Contrairement à ce que vous pensez, le travail, l’effort, le mérite, ce n’est pas inné. Cela s’acquiert. C’est pourquoi nous développons l’interdisciplinarité, avec les enseignants, autour de projets… Nous ne réduisons pas la part des enseignements disciplinaires. Leurs horaires ne baissent pas ».
Troisième manche sur iTélé
Bruno Le Maire et Najat Vallaud-Belkacem s’accusent mutuellement d’avoir « saccagé » le collège.
Bruno Le Maire regrette que la publication des textes ait eu lieu le lendemain de la confrontation avec les enseignants. A quoi la ministre répond que « cette réforme se prépare depuis longtemps, elle est prévue dans la loi de refondation sur l’école adoptée il y a vingt-deux mois. Ce décret est bien tardif ». Elle poursuit en disant que « votre idéal de société, c’est un collège qui ne soit pas accessible à tous les enfants ». Elle dénonce également la suppression par la droite de la formation initiale des enseignants.
En opposition du collège unique, Bruno Le Maire propose un « collège diversifié ». Il précise également que « cette réforme n’invente rien »
BLM : « Vous voulez empêcher les meilleurs de devenir encore meilleurs et ceux qui ont des difficultés de progresser ».
NVB : « Nous voulons nous adapter à la singularité de chaque collégien ».
La ministre reproche enfin à Bruno Le Maire de vouloir revenir avant 1975, avant la loi Haby où seulement 30% des élèves obtenaient leur bac. « Dans le monde actuel, on a besoin d’être qualifié ».
Un autre point de discorde fut le bilinguisme, bref un dialogue de sourd où chacun reste sur ces positions. On retrouve bien ici le clivage droite gauche qui ne risque pas de faire progresser l’état de notre école ou le niveau des élèves.