Najat Vallaud-Belkacem fait l’unanimité avec sa réforme du collège, l’unanimité contre elle.
Après les demandes des professeurs de lettres qui supplient d’arrêter le massacre du latin et du grec, la pétition des intellectuels, c’est au tour des quelque 150 parlementaires de droite et du centre d’adresser un courrier demandant la suppression de la réforme. Le camp de la majorité n’est pas non plus totalement favorable à cette réforme du collège. Après les interventions de Jean-Marc Ayrault ou Julien Dray, c’est Ségolène Royal qui exprime également des réserves.
Aujourd’hui, c’est François Hollande, en personne, qui vient soutenir sa ministre contre le « concert des immobiles ».
Par le passé, d’autres ministres ont tenté de réformer l’éducation, Claude Allègre ou Xavier Darcos, mais à chaque fois, les projets, si bons soient-ils, ont été ou abandonnés ou au mieux amendés.
Jusqu’au bout de la réforme
Assurée du soutien de François Hollande, la ministre de l’Education a réaffirmé aujourd’hui : « Je l’assumerai de toutes mes forces sans jamais faillir face à ceux qui ne proposent rien ».
L’idée maîtresse reste toujours d’en finir « avec les classes élitistes » au nom de l’ « égalité des chances ».
Selon Najat Vallaud-Belkacem, le latin et le grec ne sont pas supprimés, mais sont intégrés dans une matière globale « accessible à tous les élèves » et plus seulement à « un petit groupe dont les parents ont les codes ». Quelle est donc cette matière globale, serait-ce donc la recette qui éviterait que « le collège va mal, est en souffrance ». « On a créé des îlots de bien-être pour quelques collégiens. (…) Le collège actuel, c’est un collège d’où un élève sur quatre sort sans maîtriser le français», un collège qui «favorise l’entre-soi ».
Quel idéalisme que de penser qu’il faut supprimer l’élitisme. Dans ces conditions il faut aller bien plus loin, supprimons tous les examens puisque tous les élèves seront égaux, tous auront les mêmes chances, les mêmes droits. Il n’y aura plus de jeunes sans emploi, quel que soit leur niveau d’études, tout le monde percevra le même salaire, plus aucun sous le seuil de pauvreté et plus de millionnaires. Qu’il est doux de rêver. Malheureusement, la réalité est tout autre. Bien sûr qu’il faut réformer le collège ou le système éducatif quand on se rend compte de la régression constante dans les divers classements. Mais s’il ne faut plus classer, s’il ne faut plus noter, cela va permettre de ne plus se rendre compte de rien, et surtout pas de la médiocrité.
Le 19 mai prochain fera peut-être date et l’avenir de la réforme du collège sera peut-être encore moins brillant. C’est une affaire à suivre. Et pendant ce temps cela permet d’oublier la réforme des rythmes scolaires qui est toujours loin de faire l’unanimité.