Réforme du collège, passage en force

C’est l’impression que donne la stratégie de la ministre de l’Education nationale. Les critiques sont de plus en plus nombreuses quant à la réforme du collège. Ce n’est pas tant l’idée de réforme qui dérange, car la majorité des acteurs, qu’ils soient parents ou enseignants, sont d’accord sur une nécessité de réformer. C’est plutôt la manière qui pose problème ou même le discours. Supprimer l’élitisme de nos écoles, n’est-ce pas utopique, nos dirigeants ne font-ils pas partie de l’élite ? Pour revenir quelques mois en arrière, la bourse au mérite pour les bacheliers, qui avaient obtenu une mention très bien, avait été supprimée puis rétablie sous un autre nom. Ne risque-t-on pas de voir cette réforme du collège subir des modifications pour satisfaire les uns et les autres sans pour autant ne rien réformer !

Najat Vallaud-Belkacem a sans doute entendu les critiques sur la disparition du latin et du grec ou des classes bilangues. C’est pourquoi elle a publié très rapidement les textes modifiés lors du Conseil supérieur de l’éducation. Toujours, dans ce même souci de communication, et surtout pour couper l’herbe sous le pied des détracteurs, elle a adressé un courriel à tous les enseignants de collège. Cette lettre est consultable sur le site education.gouv.fr.

Mieux apprendre pour mieux réussir, c’est ce que veut la réforme du collège.

Les E.P.I.

Quelques modifications concernent les E.P.I. (enseignements pratiques interdisciplinaires), 3 sur 8 sont modifiés : le bien-être s’ajoute au premier EPI corps et santé. La transition écologique rejoint le développement durable. La technologie se glisse entre sciences et société.

Selon la ministre, le latin ne disparaît pas, bien au contraire. En l’incluant dans les E.P.I., il passe d’une option à un enseignement : « non, la réforme n’enterre pas le latin. Bien au contraire. Là où il n’est aujourd’hui qu’une option (c’est-à-dire des heures de cours en plus), proposée par quelques établissements, choisie par très peu d’élèves (20 %) qui pour la plupart l’abandonnent au lycée, nous en faisons un enseignement pratique interdisciplinaire (ce qui signifie à la fois étude de la langue mais aussi de la culture et de la civilisation) présent dans la scolarité obligatoire. Cela va contribuer à démocratiser cet enseignement. »

Une modulation des horaires

Il sera possible de moduler les enseignements sur le cycle, il n’était déjà pas facile de caler un emploi du temps selon les contraintes des établissements et des professeurs. Cela risque encore de complexifier la tâche. « L’établissement peut moduler de manière pondérée la répartition du volume horaire hebdomadaire par discipline, dans le respect à la fois du volume horaire global dû à chaque discipline d’enseignement obligatoire pour la durée du cycle, du volume horaire global annuel des enseignements obligatoires dû à chaque élève ». Toutefois, « la modulation de la répartition du volume horaire hebdomadaire est fixée pour la durée du cycle. La répartition du volume horaire doit rester identique pour tous les élèves d’un même niveau. Toutes les disciplines d’enseignement obligatoire sont enseignées chaque année du cycle ». On peut donc s’interroger sur réel changement.

La question de l’allemand

La disparition des classes bilangues menace une réduction de l’enseignement de l’allemand. Jean-Marc Ayrault, ancien premier ministre et ancien professeur d’allemand, soutient la grogne engendrée par cette disparition. Mais pour NVB, ce n’est pas une réduction, bien au contraire puisque les élèves bénéficieraient de 25% de LV2 en plus. Loin d’une bataille de chiffres, veut-il mieux bénéficier de 3 heures pas semaine pendant 2 ans ou 2 heures par semaine pendant 3 ans, de surcroît avec des effectifs chargés où les élèves ne peuvent parlent que quelques minutes dans une autre langue pendant leur année scolaire. Et selon les promesses de la ministre, « une nouvelle carte des langues de l’école au collège assurant la diversité linguistique et la continuité des parcours d’apprentissage des langues. Cette diversité devra bénéficier en particulier à l’apprentissage de l’allemand à l’école et au collège. »

Une circulaire annoncée

A la rentrée 2016, l’horaire d’enseignement passe de 110.5 heures à 115 heures puis à 116 heures en 2017. Selon la ministre la mise en place des EPI et des enseignements complémentaires « ne se feront pas sans la contribution des conseils d’enseignement, ni sans l’avis du conseil pédagogique ».

Autant dire qu’il y a beaucoup d’annonces, mais pour ne déplaire à personne, les changements risquent d’être mineurs, à l’instar de la « réforme » du calendrier scolaire.

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