Hier, la séance de l’Assemblée nationale a encore été marquée par un affrontement entre Alain Chrétien, député UMP, et Najat Vallaud-Belkacem, ministre de l’Education nationale, à propos de la réforme du collège.
Quelques extraits du rapport de l’Assemblée nationale :
« Alain Chrétien – Non, madame la ministre de l’éducation nationale, nous ne vous lâcherons pas sur votre réforme du collège, une réforme dogmatique dont vous avez signé les textes en catimini, voire en catastrophe, avant le congrès du parti socialiste.
Non, vous n’écoutez pas les enseignants, vous n’écoutez pas les parents d’élèves, dont l’une des premières fédérations vient de désavouer son président.
Non, vous n’écoutez pas les Français, qui sont plus de 26 000 à avoir signé la pétition de Bruno Le Maire, ainsi que près de 300 parlementaires.
Non, tous les enfants ne méritent pas une pédagogie uniforme et médiocre. A prétendre tout donner à tout le monde, on finit par abandonner l’essentiel.
Oui, il faut revenir aux fondamentaux, savoir lire, écrire, compter. Oui, l’enseignement professionnel est tout aussi honorable que l’enseignement général. Sortir du collège unique, ce n’est pas faire de l’élitisme, c’est comprendre que chaque enfant est unique et que chaque parcours est différent.
Non, nous ne vous lâcherons pas sur cette réforme car elle est l’essence même de l’égalitarisme socialiste qui tire la France vers le bas.
Non, madame la ministre, vous n’êtes pas la digne héritière de Jules Ferry !
Vous avez reculé sur la suppression des notes, vous avez reculé sur la théorie du genre, vous avez reculé sur la bourse au mérite, alors reculez sur votre réforme du collège !
Najat Vallaud-Belkacem – Je ne doute pas, monsieur le député, que le président de votre formation politique, Nicolas Sarkozy, aura bu du petit-lait en vous écoutant cet après-midi, lui qui vous a en effet donné pour instruction de harceler le Gouvernement sur cette question de la réforme des collèges.
La réussite de nos enfants mérite tellement mieux que ces polémiques politiciennes à n’en plus finir. Oui, la réforme des collèges a été adoptée. La pédagogie étant l’art de la répétition, je veux bien, pour la trente et unième fois – j’ai compté le nombre de questions que vous m’avez adressées depuis quelques semaines – vous expliquer en quoi le collège que nous préparons pour nos enfants a vocation à faire réussir chacun d’entre eux ; en quoi nous ne pouvons plus admettre un collège qui fait qu’un enfant sur quatre, en classe de troisième, ne maîtrise pas les fondamentaux en lecture et en écriture ; en quoi, avec de l’accompagnement personnalisé, du travail en petit groupe, de nouvelles pratiques pédagogiques, dont toutes les enquêtes démontrent les vertus, nous allons mieux faire réussir non pas simplement 15 % d’élèves mais 100 % des collégiens.
Monsieur le député, je ne me souviens pas que vous vous soyez intéressé à l’éducation avant de vous saisir de ce sujet comme prétexte.
AC – Vous me déniez le droit de poser une question ?
NVB – L’éducation est un sujet sérieux. Parce que l’éducation est un sujet sérieux, il faut écouter ce que vous disent les enseignants eux-mêmes car ce sont eux qui, les premiers, ont inspiré cette réforme.
Avec l’autonomie que nous laissons aux établissements, ces derniers pourront enfin répondre aux besoins de leurs élèves. Avec des pratiques pédagogiques qui ont été inspirées du terrain partout et qui ont révélé qu’elles permettaient aux enfants de mieux apprendre, le collège 2016 s’intéressera enfin à la réussite.
Vous ne voulez pas y adhérer, c’est votre politique. La nôtre, nous l’assumons.
Yves Censi, député UMP – C’est inadmissible !
Daniel Fasquelle, député UMP – C’est scandaleux ! »
Source : compte-rendu séance de l’Assemblée nationale du 26 mai 2015