Le statut des enseignants est régi par les décrets de 1950. Beaucoup s’accordent à dire qu’il y a lieu de les réformer et de les moderniser afin d’être en accord avec l’époque actuelle. De nombreux syndicats sont prêts à signer un accord avec le Ministre de l’Education nationale, que dans le même temps circule une pétition s’y opposant.
La pétition est consultable à cette adresse : http://www.petitions24.net/non_a_labrogation_des_decrets_de_1950
Sur le même site on peut lire également : Une nouvelle loi sur l’école qui s’inspire de la LRU (SLU 09/03/14)
Le site du Mammouth déchaîné publie : Casse ou pas casse (des statuts) ?
Citons, pour compléter, ce blog anti-projet : http://blog.nonauprojetpeillon.info/
Le texte de la pétition
Non à la Réforme Peillon et à l’abrogation des décrets de 1950
Oui à la reconnaissance de la spécificité de notre métier d’enseignant
De nombreux syndicats d’enseignants s’apprêtent à signer un accord « historique » avec le Ministre de l’Éducation Nationale, qui vise à aligner notre statut d’enseignant sur celui de la fonction publique, en revenant sur les décrets de 1950 qui définissaient jusque là nos obligations de service.
Notre métier serait à présent défini par l’accomplissement d’une multiplicité de missions « liées à l’enseignement » – suivi des élèves, orientation, réunions pédagogiques de tout genre, formation d’adultes, remplacement de collègues absents, etc -, dont certaines faisaient de toute façon partie de notre cahier des charges, mais auxquelles d’autres sont ajoutées insidieusement, sans compensation financière, il va de soi. La mission même d’enseigner, avec la préparation des cours et les corrections qu’elle implique, ne serait plus qu’une mission parmi d’autres. Précisons en outre que des missions pourraient être définies localement, en fonction des projets d’établissement votés en conseil d’administration. L’ensemble de ces missions serait à présent comptabilisé annuellement, de sorte que la réglementation du temps de travail applicable à la fonction publique, soit 1607h par an, s’appliquerait aussi au temps de présence des enseignants.
Ce projet dit, une fois de plus, le mépris que les instances ministérielles et administratives affichent pour le métier d’enseignant. Il s’inscrit dans une politique de dégradation progressive des conditions d’enseignant qui ne date pas d’aujourd’hui et ne relève pas seulement de restrictions budgétaires. Il entérine implicitement l’idée commune selon laquelle les enseignants travaillent peu, en tout cas moins que le reste des fonctionnaires. Il transforme progressivement notre métier de professeur qui a charge de transmettre des savoirs, et même une passion pour des savoirs, en éducateur polyvalent, dont les compétences pédagogiques seraient identiques quel que soit le degré de l’enseignement (primaire, secondaire ou supérieur). Cette orientation va de pair avec les réformes des programmes dans les différentes disciplines qui, depuis au moins une dizaine d’années, vont toutes dans le sens d’une perte d’exigences quant à l’acquisition des savoirs fondamentaux, sur lesquels peut réellement se construire un enseignement à la fois exigeant et diversifié.
La réforme Peillon poursuit et approfondit le travail de sape entrepris par les gouvernements de gauche et de droite précédents : dévaloriser, à la fois matériellement et culturellement, le métier de professeur, ce qui a pour effet d’une part de le rendre toujours moins attractif, comme le montre la baisse du nombre de candidats aux concours de recrutement, d’autre part – ce qui est bien plus grave – de laisser une jeunesse toujours plus démunie face à un avenir inquiétant, et enfin de renforcer les inégalités. Car nos réformateurs de l’Éducation préparent, consciemment ou non, le terrain à une libéralisation sauvage de l’enseignement : d’un côté une école publique chargée d’accueillir la plus grande partie de la jeunesse, sans exigence de formation, de l’autre des écoles privées exigeantes en matière d’enseignement, mais payantes et de plus en plus coûteuses, comme dans les pays anglo-saxons. La disparition, sinon programmée, à coup sûr souhaitée, de l’enseignement des classes préparatoires et son absorption dans les universités va dans le même sens.
En attendant, « enseignants, rentrez dans le rang, devenez des fonctionnaires dociles, sans statut spécifique particulier, et acquittez-vous de toutes les missions qu’on vous demandera d’assumer, étant entendu que la mission d’enseigner et de transmettre un savoir n’est plus qu’une mission éducatrice parmi d’autres. » – voilà ce que nous entendons, nous enseignants, quand nous lisons le projet de réforme du ministre Peillon, que malheureusement des syndicats, censés nous représenter, ne paraissent pas entendre.
Nous refusons cette attitude de mépris de notre métier d’enseignant, dont les conditions d’exercice liées au délitement de la société deviennent toujours plus difficiles, mais que notre ministre – après tant d’autres – s’ingénie, avec la complicité de syndicats aujourd’hui, à rendre encore plus précaires. Nous exigeons le maintien des décrets de 1950 qui ont le mérite de reconnaître la nature spécifique de nos charges de travail, lors et hors de notre temps de présence au collège ou au lycée.
Quel crédit pourra-t-on accorder à cette pétition qui ne compte à ce jour qu’un bon millier de signatures ? (NDLR)
Ben, entre temps, j’ai regardé, il y a près de 6000 signatures. D’accord, c’est pas beaucoup, mais il faut savoir que la plupart des profs ne sont encore pas du tout au courant