Scolarisation des enfants autistes : la France condamnée

Il est regrettable que trop peu d’enfants autistes sont intégrés dans les écoles. C’est ce que reproche le Conseil de l’Europe au gouvernement français. La France ne respecte pas le droit des enfants autistes à recevoir une éducation. En France, « il y a violation de la Charte sociale européenne révisée en ce qui concerne le droit des enfants et adolescents autistes à la scolarisation en priorité dans les établissements de droit commun, et l’absence de prédominance d’un caractère éducatif au sein des institutions spécialisées ». Et pourtant, la France avait ratifié la charte européenne des droits des personnes autistes.

Autisme et école

Beaucoup d’écoles ne peuvent accueillir les enfants autistes, faute d’auxiliaires de vie scolaire. Les établissements spécialisés manquent également de place. C’est ainsi que le nombre d’enfants autistes accueillis en milieu scolaire ordinaire ou spécialisé (de type IME) est en proportion nettement inférieure à celle des autres enfants handicapés.

On constate que 80% des enfants autistes sont exclus du système scolaire, bien que ce soit un droit selon la charte. La France avait déjà été condamnée en 2003, la scolarisation des enfants autismes n’était alors que de 10%. Aujourd’hui, on atteint seulement 20% d’accueil et l’on se plairait à dire que c’est en « situation de réussite différée ». Mais on ne peut se satisfaire d’une si petite avancée.

Les AVS (auxiliaires de vie scolaire) recrutés par le ministère de l’éducation nationale sont en nombre insuffisant ; mais surtout, ils sont engagés avec des contrats précaires. Comment peut-on assurer la continuité d’un service, si tous les ans ou tous les deux ans la personne aidant doit quitter son poste ! Ce sont des enfants qui ont besoin de repères, de stabilité.

Le 3ème plan autisme condamné

Le Conseil de l’Europe critique le nouveau plan de la France et son 3e plan autisme qui fixe les objectifs pour 2017. En dehors de la mise en place d’unités d’enseignement spécialisées en milieu ordinaire (on créerait donc des classes spécifiques pour les enfants autistes dans les écoles !), menant encore et toujours à l’exclusion, aucune action concrète n’est prévue pour la scolarisation des enfants autistes en milieu ordinaire. Plus inquiétant encore, la France contribue financièrement au déplacement d’enfants et adolescents autistes français vers la Belgique.

Ce plan, lancé en 2013, prévoit la création de 700 places d’unités d’enseignement en maternelle, 850 places de services d’accompagnement à domicile, ainsi que le développement de CLIS (classes pour l’inclusion scolaire) et d’ULIS (unités localisées pour l’inclusion sociale). Est-ce prévu pour l’horizon 2017 ? La France compte actuellement environ 440.000 personnes autistes et 6.000 enfants autistes naissent chaque année. Si actuellement 80% ne sont pas scolarisés, combien de décennies faudra-t-il encore pour trouver une solution.

Même s’il est prévu dans la formation des nouveaux enseignants un module consacré à l’accueil des élèves handicapés, même s’il est prévu de proposer un CDI à 28.000 AVS au bout de leur contrat de six ans et la mise en place d’un diplôme d’Etat d’accompagnant. Les années s’écoulent, mais les problèmes sont malheureusement bien loin d’être réglés.

Enfin 250 millions d’euros sont prévus dans le 3e plan autisme, somme que les associations jugent bien insuffisante.

L’autisme n’est pourtant pas une cause marginale, car 3,3 millions de personnes dans l’Union européenne en sont atteints et doivent trouver rapidement un moyen de pouvoir vivre normalement malgré leur handicap !

Autismophobie : nom bizarre dénonçant la « trouille de l’autisme ».
M’Hammed Sajidi, président de Vaincre l’autisme, rappelle la triste réalité : «Aujourd’hui, les autistes sont encore traités comme des malades mentaux et 80% des enfants ne sont pas du tout scolarisés ».

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