Suppression des notes, des avertissements…, il ne faut pas traumatiser les élèves

« As-tu validé tes compétences sociales et civiques ? » « As-tu validé tes principaux éléments de mathématiques et culture scientifique et technologique ? » Telles pourraient être les questions que poserait un parent à son enfant au lieu de lui demander « T’as eu des notes aujourd’hui ? ».

Quelle élégance dans la question, mais que d’hypocrisie. Voudrait-on nous faire croire que tous les élèves sont égaux, ne veut-on pas leur dire la vérité ou alors est-ce au service d’un nivellement par le bas. Ce serait comme un malade qui rend visite à son médecin, qui lui mesure sa tension artérielle, et à qui on indique seulement qu’il se situe à un niveau acceptable, sans pour autant savoir s’il se situe plus proche de l’hypotension ou de l’hypertension ! Ce serait sans doute traumatisant. Ne donnons plus les températures entre le nord de la France ou le sud afin d’éviter de dire qu’il fait plus chaud dans certains endroits ; la température est supportable pour ceux qui s’y trouvent. Pourquoi alors ne pas supprimer, lors d’une compétition, les temps donnés aux coureurs d’un 100 m ?

En ce qui concerne les notes à l’école, cela fait des années que l’on parle de les supprimer. Pour revenir des années en arrière, on avait créé les niveaux pour remplacer les notes, remplaçant des notes sur 20 ou sur dix par une échelle sur 5 niveaux. Que cela change-t-il en réalité ?

pasdenotes

Aujourd’hui, c’est le Conseil supérieur des programmes qui s’intéresse à la question en préconisant l’abandon des moyennes, qui seraient des « calculs artificiels ». Ce n’est, pour l’instant, qu’un avis et la ministre de l’Education nationale n’a pas encore donné son avis. On peut tout de même supposer qu’elle n’y est pas opposée, sachant qu’elle a dernièrement visité un collège où les notes sur 20 ont été remplacées par des points rouges et des points verts. La note ne serait qu’indicative. Cela ressemble fort aux prévisions météorologiques où les températures sont parfois bien différentes de la réalité. Pour aller plus loin, peut-on imaginer qu’un bac avec un point vert vaudra une mention très bien, un point vert clair une mention bien et un point rouge la non réussite à l’examen. Les points rouges devraient être rares si, comme on a pu le lire, on abandonne l’ « évaluation sanction » au profit de l’ « évaluation bienveillante » ?

Des enseignants et des syndicats partagés

Pour les défenseurs des notes, le système est « précis et parlant » et la démarche est « purement démagogique ». Quoique. Selon ces mêmes défenseurs, en focalisant l’attention sur ce débat des notes, on évite de parler des vraies difficultés et « l’illusion d’un succès uniforme ». Pour d’autres, la proposition du Conseil supérieur des programmes est saluée, en particulier par le neuropsychiatre Boris Cyrulnik ou le pédopsychiatre Marcel Rufo.

Alors est-ce le retour du socle commun de la loi Fillon de 2005, ou le remplacement des notes par des lettres comme l’indiquait par circulaire le ministre Edgar Faure en 1969. Ces lettres avaient été par la suite agrémentées de + et de -, quelle différence alors avec les notes ?

Quand on parle de simplification administrative dans bien des domaines, beaucoup de professeurs d’école ou de collège sont toujours agacés par les demandes  liées à la loi Fillon. En plus des notes attribuées en mathématiques ou en français, ils doivent également évaluer les compétences de façon transversale à l’issue du CE2, de la sixième ou de la troisième.

Plus de notes, plus de sanctions

En supprimant les notes, plus de bonnes ni de mauvaises notes. C’en est donc fini des « bons » et des « mauvais » élèves. Que risquent-ils à ne pas travailler ou être indisciplinés, quand on se réfère à la circulaire 2014-059 du 27-05-2014 qui précise que « le conseil de classe peut éventuellement ‘’mettre en garde’’ l’élève mais il ne peut prononcer d’avertissement ».

Des notes ou pas de notes, les élèves seront-ils un jour égaux, auront-ils tous les mêmes capacités, même si l’on dit qu’à la naissance leur intelligence est identique. Les incidences familiales ne sont-elles pas prises en compte. A force d’aseptiser, espère-t-on que nos élèves d’aujourd’hui ne soient confrontés à la dure réalité de la vie et de la concurrence ou de la compétition que lorsqu’ils seront en retraite, s’ils y arrivent un jour ! A l’image de l’égalité filles garçons, les mêmes droits et devoirs doivent être la règle, mais on n’atteindra jamais l’hermaphrodisme.

Supprimer les notes contribuera-t-il à améliorer des compétences de chacun ? La réussite des élèves, c’est peut-être aussi les mettre devant la réalité de la vie en leur donnant l’envie de travailler et de réussir. Cela passe aussi par des enseignants qu’il faut valoriser afin qu’ils puissent insuffler les vraies valeurs à leurs élèves.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Retour en haut