Un QCM pour combattre le décrochage scolaire

« Les résultats des petits Français ne sont pas bons », selon les propos de Najat Vallaud-Belkacem « les fondamentaux s’acquièrent dès les premières années du primaire ». « Les enseignants sont demandeurs à être formés pour détecter les signes du décrochage ».

Ce constat n’est pas nouveau, tous les indicateurs, comme par exemple le classement PISA, le montrent depuis longtemps. Le remède, lui non plus n’est pas innovant puisque le ministère va proposer une évaluation de plus aux élèves de CE2 dès la rentrée 2015, en principe en début d’année.

Cette évaluation se fera sous forme d’un QCM simple destiné à vérifier le niveau de lecture et d’écriture des élèves. Au moyen de cette évaluation, les enseignants pourront « adapter dans chaque classe l’apprentissage des enfants et ne pas laisser les décrochages se faire » (sic !).

En comprenant ceci, on a presque l’impression que les instituteurs ne se rendent pas compte des difficultés de leurs élèves et qu’ils n’essaient pas de les résoudre. Ou alors, veut-on se conforter dans ces bonnes idées bien pensantes, où l’on constate qu’il y a des difficultés et que l’on mettrait tout en œuvre pour les résoudre.

Qui veut-on leurrer ? Tout le monde sait, depuis longtemps que le niveau de français est bas et décevant. Faire un constat supplémentaire par ce QCM ne fera que le confirmer, quoique dans un QCM il existe aussi une part de hasard. Depuis des années, on a fait passer aux élèves des évaluations en maternelle, en CE1, en CM1, ou en 6e et même en CP, CE2 ou CM2. Quels enseignements pouvait-on en tirer ? Une évaluation, pour qu’elle soit utile, doit être suivie d’une remédiation quasi immédiate. Combien d’enseignants, en étant honnêtes, ont utilisé ces évaluations pour modifier leur travail auprès des élèves ? En avaient-ils vraiment besoin, ne faisaient-ils vraiment rien avant ou ne se rendaient-ils pas compte des difficultés de leurs élèves, on peut en douter. En réalité, il y a un tel décalage entre la passation des épreuves et la restitution des résultats, qui remontent par palier jusqu’au ministère, que cela devient inutile. Ces résultats servent surtout à donner une photographie du niveau des élèves secteur par secteur, par région, par académie, par commune, par école, si bien que, parfois, les enseignants se sentent épiés dans leur travail.

Un QCM, alors pourquoi pas, à condition que ce soit nouveau, utile et suivi de solutions efficaces et immédiates. Que les questions soient bien ciblées pour repérer les risques de décrochage scolaire, à condition ensuite de donner les moyens d’y remédier aux enseignants.

Il semblerait qu’une évaluation en mathématiques soit à l’étude, mais seulement pour l’année prochaine.

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