De nouveaux moyens sont prévus à l’Education nationale pour la rentrée 2014. Le Monde titrait « 6000 emplois de plus » le 19 décembre, puis « 8800 emplois de plus » le 20 décembre. Tentons de découvrir les améliorations souhaitées par le gouvernement.
Où et comment sont réparties ces créations ?
Dans le premier degré, il faut accueillir 38.000 élèves supplémentaires et la moitié des créations de postes sera allouée à ces besoins. L’autre moitié servira à la mise en place des aides prioritaires : plus de maîtres que de classes ou des postes en RASED. Ceci conditionne le nombre de créations par académie. La hausse démographique de chaque académie ou les localisations des quartiers sensibles ont déterminé les besoins prioritaires.
Dans le second degré, les motifs sont voisins de ceux du premier degré, à savoir 30.000 élèves supplémentaires et des mesures en faveur de l’éducation prioritaire.
C’est ainsi que l’Académie de Créteil, qui cumule les difficultés, se retrouve la mieux dotée. Dans le premier degré, 380 postes lui sont attribués alors que la Guadeloupe ou la Martinique n’en obtiennent aucun. Dans le second degré, c’est 233 postes accordés à Créteil alors que Nancy-Metz, dans le même temps, voit disparaître 98 postes de son académie.
Combien de créations ?
Ce sont 6000 équivalents temps pleins (ETP) qui seront accordés aux écoles, collèges et lycées. Dans la pratique, cela permet l’intégration de 20.000 enseignants stagiaires nouveaux, qui ne sont rémunérés qu’à temps partiel.
Un calcul savant et complexe. Prenons l’exemple de l’enseignement primaire. En 2013-2014, 9.138 enseignants contractuels avaient été engagés et correspondent à 3.046 ETP. En 2014, ce sont 4.306 ETP qui seront occupés par des enseignants stagiaires qui effectueront un mi-temps d’enseignement. La différence dégage ainsi 1260 ETP supplémentaires. Ces moyens sont complétés par 800 emplois d’enseignants nouveaux, portant le total à 2.355 ETP. Donc, même si l’on annonce 2.355 créations, en réalité c’est bien seulement 800 vrais postes d’enseignants nouveaux.
Dans la pratique, les dotations nouvelles en ETP se répartissent ainsi pour la rentrée 2014 :
Pour le premier degré :
- 2.355 enseignants premier degré
- 1.531 autres emplois
Pour le second degré :
- 968 enseignants second degré (dont 500 résultent de la libération de 500 emplois d’enseignants contractuels)
- 1000 ETP heures supplémentaires
Pour le programme « vie de l’élève » :
- 159 emplois de CPE, avec des créations dans toutes les académies
- 300 CPE stagiaires rémunérés à temps plein et exerçant à mi-temps
- 10 emplois de médecins
- 40 emplois d’infirmiers
- 50 emplois d’assistants de service social (au moins 1 par académie)
- 350 emplois d’AVS-i
Une réponse aux mauvais résultats de PISA ?
« Cette répartition est une réponse à Pisa, bien sûr, lorsque l’évaluation internationale nous dit que nous avons une école inégalitaire, nous donnons plus à ceux qui ont plus de besoin. Mais d’une façon générale, la répartition des moyens d’enseignement pour la rentrée prochaine répond au double besoin de réparation et de refondation », selon Jean-Paul Delahaye, directeur de l’enseignement scolaire.
La création de nouveaux postes va profiter en priorité à l’enseignement primaire, ce qui devrait lui permettre de progresser. Mais l’analyse des chiffres fait croire à un nombre de créations important, rapporté à l’échelle de la France; ces chiffres sont bien modestes compte tenu des besoins réels et surtout n’apportent de réponse au problème de l’éducation ; car, de plus, le nombre ne fait pas nécessairement la qualité. Enfin signalons que 4 sur 20 étaient suffisants pour réussir le concours de professeur des écoles à Créteil, car on manque de candidats. Avec la création de postes supplémentaires, va-t-on devoir encore abaisser le seuil de réussite, à 3 sur 20 par exemple ? Peut-on vraiment envisager de confier les classes qui nécessitent le plus d’attention à de futurs enseignants d’un niveau aussi médiocre ?
Pour plus de détails sur ces créations d’emploi : le document publié par la Direction générale de l’enseignement scolaire – les mesures de rentrée 2014