Selon une enquête de l’Association des maires de France, quatre maires sur cinq qui ont appliqué les nouveaux rythmes scolaires en sont satisfaits. Cette enquête repose sur les réponses de 1100 communes, qui toutefois se plaignent de la complexité de la mise en œuvre ou du coût sur les finances locales.
Concernant la dépense jugée excessive par les maires de droite en réaction, il semble que les résultats du sondage donnent une autre vision des choses puisque les deux tiers des communes estiment la dépense par élève et par an entre 100 et 200 euros. Il est peut-être encore un peu tôt pour chiffrer exactement le coût, l’année scolaire est loin d’être terminée, et c’est pourquoi seulement les deux tiers des réponses renseignaient cette question du coût.
Pour passer à quatre jours et demi, plus de la moitié des communes ont dû recruter des animateurs et 40% avouent avoir rencontré des difficultés. Même si cette année les communes rurales n’ont pas eu de difficultés particulières dans leur recrutement, il n’en sera peut-être pas ainsi l’an prochain, car les communes rurales engagées actuellement sont très peu nombreuses et le vivier d’animateurs ou d’associations n’est pas illimité. Sur un plan pratique, les locaux posent souvent problèmes, sachant que 90% des activités ont lieu dans les écoles. Les locaux sont souvent trop petits et les deux tiers des enseignants ont dû accepter d’ouvrir leurs classes aux activités.
Un autre sondage indiquait que 69% des Français sont favorables ou à une annulation de la réforme des rythmes scolaires (48%) ou à son report (21%). Le gouvernement met en avant « l’intérêt pour les enfants » alors que 61% des Français considèrent que ces nouveaux rythmes ont un impact négatif sur le bien-être des élèves.
Est-ce vraiment aussi satisfaisant ?
Entre ces bons indices de satisfaction, 83% des maires (93.5% pour le ministère de l’éducation), et toutes les difficultés annoncées par ces mêmes maires ou le reste de population, que peut-on en conclure ? Est-ce une réussite ou un échec, nul ne peut encore vraiment en préjuger, tout dépend si l’on se place du côté du verre à moitié plein ou du côté du verre à moitié vide.
Un autre point sur lequel des divisions existent, l’école maternelle. Les parents relèvent un certain nombre de dysfonctionnements et pourtant plus de 70% des enfants fréquentent les ateliers périscolaires.
Le financement
Le premier ministre précise qu’il n’y aura pas plus d’argent, mais que l’expérimentation sera prolongée et que les maires disposeront de plus de temps pour mettre en place la réforme. La mise en place des nouveaux rythmes scolaires a un coût et il a été prévu un fonds d’amorçage pour ce démarrage ainsi que pour ceux qui vont les mettre en place l’an prochain. Mais il s’agit bien d’un fonds d’amorçage, est-il prévu par la suite des financements ou des aides pour continuer cette réforme, car les dépenses communales seront bien réelles chaque année ? Ou se trouvera-t-on dans la même situation que lors de la mise en place du plan IPT (Informatique pour tous) en 1985. Pour mémoire, des ordinateurs avaient été mis à la disposition des élèves dans les établissements scolaires et des enseignants avaient été formés. Le choix du matériel s’était porté sur des sociétés françaises, et on a choisi Thomson, société nationalisée en difficulté. Pourtant Apple, candidat non retenu, promettait à l’époque de s’installer en France. Ce plan informatique, qui a coûté à l’époque 1,8 milliard de francs (environ 450 millions d’euros actuels) était déjà un plan de démarrage ; mais une fois livré et installé, il a fallu assurer la sauvegarde du matériel, l’entretenir, l’assurer et à plus long terme le remplacer. Ce sont les communes qui en ont hérité qui doivent assurer la poursuite du programme sur leurs propres deniers.
La réforme des rythmes scolaires n’a pas fini de susciter des interrogations et des inquiétudes pour l’avenir.