Bientôt un enseignement de l’islam dans les écoles d’Alsace-Lorraine

Il est des régions où le nouveau regroupement ne sera pas toujours chose facile. C’est le cas de la région Champagne-Ardennes-Lorraine-Alsace. En effet, une partie de cette région est encore placée sous le régime du concordat (relire l’article de septembre 2013 pour mieux comprendre ce qu’est le concordat). Les deux départements alsaciens (Bas-Rhin et Haut-Rhin) et la Moselle (en Lorraine) sont en effet régis par le concordat.

Compatibilité ou non entre la charte de la laïcité et le concordat, ces départements continuent à intégrer la religion. Dans notre article de juin dernier (L’Islam pourrait être enseigné en Alsace-Moselle), nous évoquions la mise en place de l’enseignement de l’islam, à la demande du président du CRCM (Conseil régional du culte musulman).

Expérimentation dès la rentrée 2016

Dans les départements d’Alsace-Moselle, les élèves de confession catholique, protestante ou juive peuvent suivre des cours de religion. Selon Murat Ercan, président du CRCM « les élèves de confession musulmane subissent une inégalité. Ils ont besoin d’être reconnus par la République. Dans les discussions que nous avons avec la préfecture et l’Éducation nationale, nous avons la conviction qu’il est possible d’avancer ».

Les responsables des cultes catholiques et protestants travaillent actuellement sur un programme d’éveil culturel et religieux à toutes les grandes religions monothéistes. Les élèves pourraient suivre ce programme « sans distinction de religion », en particulier dans les lycées où la part d’élèves de confession musulmane est la plus importante.

Afin d’intervenir dans les écoles pour les cours de religions, des imams pourraient être formés spécialement. Certains lycées pourraient en faire l’expérimentation dès la rentrée 2016.

Une idée également contestée

Le syndicat enseignant Unsa n’est pas du tout favorable à cette expérimentation, et précise que c’est « un tour de passe-passe permettant de contourner le Concordat qui ne peut juridiquement intégrer l’islam et les imams ». Le syndicat plaide également pour arrêt de l’enseignement religieux dans les écoles d’Alsace-Moselle.

Il faut préciser également que l’Observatoire de la laïcité a donné un avis pour faire « évoluer » le droit local, en abrogeant notamment le délit de blasphème et en rendant optionnel l’enseignement religieux. Il est vrai que seulement 63% des élèves de primaire suivent un enseignement religieux, 30% en collège et 14% en lycée. A Strasbourg, près des trois quarts des élèves sont dispensés. Même si, en théorie, l’enseignement d’une heure par semaine est obligatoire, les familles peuvent demander à en être dispensées.

Un débat qui risque d’alimenter la campagne des régionales où Florian Philippot, candidat FN, a promis de « se battre » pour que « l’islam n’intègre pas le concordat d’Alsace-Moselle ».