Le « Digital Champion » de juin 2012, qui avait aussi été le premier président du Conseil national du numérique, propose une entrée dans l’école par des tablettes, smartphones et autres ordinateurs, en admettant toutefois que « c’est sans doute moins « sexy » que de « refonder l’école ». Mais tellement plus utile… ».
Est-ce bien utile de se donner bonne conscience en équipant les écoles de quelques ordinateurs. Si l’on prend comme exemple l’indien Sugata Miltra qui a reçu le TED Prize 2013 pour son souhait « School in the Cloud ».
Qu’est-ce que le TED Prize ?
Le TED Prize est décerné annuellement à une personne exceptionnelle qui reçoit 1.000.000$ et les ressources et l’expertise de la communauté TED pour susciter le changement global.
Qu’a fait Sugata Miltra ? Il a organisé en Inde un learning lab, où les enfants, même les plus pauvres, peuvent apprendre les uns des autres et utilisant toutes les ressources disponibles dans le cloud.
En France, on parle de refondation de l’école, mais on est encore bien loin de réellement « refonder ». Le système actuel est bien lourd avec un million de fonctionnaires qui font partie de l’éducation nationale, et sa hiérarchie pyramidale. Même si l’on y ajoute encore 60.000 recrues, ce qui va coûter quelques 1,4 milliard d’euros par an, le résultat obtenu sera-t-il à la hauteur des espérances de notre ministre. La réforme de Vincent Peillon passe essentiellement par une modification des pratiques, mais le numérique n’occupe qu’une part marginale. Des outils tels que ceux proposés par le CNDP, les CRDP le CNED peuvent aller encore plus en avant, à condition de vouloir bousculer ce mastodonte qu’est devenue l’éducation nationale.
« Il est urgent de ne plus attendre » indique un rapport de l’Académie des sciences. Nos enfants sont-ils condamnés à n’être que des consommateurs passifs, ignorants, et aisément manipulables de l’ère numérique, ou saura-t-on en faire à la fois des acteurs de la révolution en cours et des citoyens éclairés, capables de dominer la machine et non d’en devenir les esclaves ? Le rapport suggère d’initier les enfants dès le plus jeune âge et de leur faire comprendre, par l’expérience, qu’une tablette ou un smartphone répondent à des séries d’instructions pensées et programmées par un être humain. Il est ainsi nécessaire de passer du temps « hors machine », prenant modèle, par exemple sur les « coding goûters » (un rendez-vous mensuel où enfants et parents s’amusent à programmer ensemble).
Pourquoi ne pas également investir dans l’e-learning, l’éducation en ligne par internet. Le savoir académique français est reconnu dans le monde entier, exploitons-le, la France n’est actuellement que le 24e pays de l’OCDE en terme d’utilisation du numérique pour l’éducation. L’enveloppe consacrée aux logiciels et manuels numériques est encore bien faible comparée au coût des manuels papier ou photocopies. Développons-donc les plate-formes collaboratives. Des expérimentations existent, comme il y a quelques années le projet Celebrate. Ce projet était une étape de « modernisation » de l’enseignement, coordonnée par l’association «European Schoolnet ».
European Schoolnet (EUN), créé en 1997 par 20 ministères de l’Éducation européens, est un portail de ressources coopératif pour aider les écoles et établissements scolaires à utiliser les technologies de l’information et de la communication (TIC).
Mais pour réaliser cette « refondation de l’école », ne faudrait-il pas un « geek » pour assurer la fonction de ministre de l’éducation ?