Faire mieux en dépensant moins

En matière d’éducation, l’argent n’est pas synonyme d’excellence. Si l’on compare la somme allouée par élève, on constate que le Canada dépense 40% de moins que la France. Et pourtant, les enseignants sont mieux payés et surtout le Canada obtient de bien meilleurs résultats dans le classement PISA ; en mathématiques, il obtient un score de 518 (France : 495), en compréhension de l’écrit 523 (F :  505) et en sciences 525 (F : 499).

Qu’y a-t-il de si différent au Canada ?

L’enseignement public regroupe 92% des élèves (dont 1% d’écoles francophones). Les écoles sont gratuites et emploient des professeurs certifiés par la Province. Les gouvernements provinciaux décident des attributions, de la provenance du financement et du niveau d’autonomie des commissions scolaires.

Les administrateurs sont élus localement et ont un rôle très important. Ils emploient les professeurs et assurent leur promotion. Ils mettent en place les politiques scolaires, construisent les écoles, achètent les fournitures et les équipements.

Minoritaires, les écoles privées ne représentent qu’un peu plus de 5% des élèves et sont de deux types. Les premières, dont le financement est constitué par 60% de subventions publiques, peuvent facturer des frais de scolarité et faire des bénéfices, mais elles doivent suivre les programmes approuvés par le gouvernement provincial, suivre les objectifs provinciaux et les examens. Les professeurs sont également certifiés et membres de l’ATA (Alberta Teachers’ Association) comme les enseignants du public. La deuxième catégorie d’écoles privées, dites « déclarées », n’a aucune obligation, excepté le suivi du programme scolaire de la Province.

Des moyens répartis équitablement

Chaque province est autonome et le Premier ministre de chaque province nomme son ministre de l’éducation qui certifie les professeurs, et s’occupe du financement des commissions scolaires. Au classement PISA, le trio de tête se compose des provinces les plus peuplées, l’Alberta, la Colombie britannique et l’Ontario ; au niveau mondial, elles seraient classées respectivement 5e, 6e et 8e.

Les gouvernements des Provinces ont déterminé un forfait par élève provenant de l’impôt foncier divisé par le nombre d’élèves de la Province et ensuite redistribué à chaque commission scolaire en fonction du nombre d’élèves. En Alberta, un fonds a été créé afin que les contribuables puissent contrôler que toutes les recettes sont redistribuées aux élèves. Ensuite, les ressources sont réparties selon les besoins des élèves, afin de leur donner des opportunités d’éducation équivalentes.

Le budget est complété par d’autres sources de revenus, impôt sur le revenu, royalties ou  recettes fiscales. Il s’y ajoute des frais de scolarité pour des élèves non résidents ou internationaux.

Enfin certaines provinces peuvent, par referendum local, lever des fonds sans aucune limite pour financer des programmes ou des projets spécifiques.

Le gouvernement fédéral apporte une aide financière à l’enseignement supérieur et à l’instruction des deux langues officielles (anglais, français).

La Colombie britannique est la Province qui dépense le moins, mais en réduisant ses coûts optimise ses ressources.

L’élève au centre du système

L’enfant doit être mis en condition de découvrir, entreprendre et devenir autonome, si bien que la pédagogie est axée sur les projets et ateliers de connaissance. Il y a peu d’enseignement magistral.

Le rôle de l’enseignant est d’accompagner et mener une pédagogie différenciée. Pour nous français, le système peut surprendre. L’enseignant ne domine pas, ne « contrôle » pas, il repère les meilleurs et les fait progresser, tout en soutenant les autres avec des objectifs adaptés à leur niveau. La transmission unilatérale du savoir, comme en France, n’existe pas et l’on ne cherche pas à éliminer et constituer une élite. Le but est ici de former des citoyens responsables, respectueux, volontaires, attentifs aux autres, ou capable de s’exprimer en public.

Des enseignants maîtres de leur carrière

Les enseignants canadiens font partie des enseignants les mieux payés des pays de l’OCDE. Après 15 ans d’expérience, leur rémunération est en moyenne 35% plus élevée qu’en France. La grille de salaire prend en compte le nombre d’années d’exercice et les années de formation. L’évolution de carrière est plus rapide qu’en France ; il faut 11 ans pour atteindre le haut de la grille contre 34 en France.

Grâce aux accords entre les différentes provinces, les professeurs peuvent exercer dans tout le pays selon les postes qui les intéressent, mais surtout ils gèrent leur formation professionnelle. En début d’année scolaire, ils remplissent leur TPGP (Teachning Professionnal Growth Planning) et font, en fin d’année, un bilan de leur plan professionnel personnel afin de préparer l’année suivante.

Enfin, un point important, si la profession ne leur convient plus, ils peuvent se reconvertir facilement vers d’autres métiers.

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