La France championne du soutien scolaire

On constate que 40% des enfants qui entrent en sixième ne maîtrisent pas les fondamentaux; d’autre part, malheureusement, certains professeurs font preuve d’un absentéisme récurrent ; enfin les élèves et les parents sont inquiets à l’approche des examens ; ces circonstances particulières vont pousser les parents à avoir recours au soutien scolaire.

En France, sans diplôme on n’a moins de chance de réussir et beaucoup de familles sont prêtes à faire des sacrifices financiers pour que leurs enfants décrochent un diplôme. Mais le soutien prodigué par les cours privés suffira-t-il pour des enfants qui sont en difficulté ?

Pour tenter d’éradiquer ce problème, il est nécessaire de mieux accompagner les enfants dans leur scolarité. Et c’est le rôle de l’éducation nationale.

Les moyens mis en place par l’Education nationale

Tous les ministères successifs ont tenté de faire progresser le système en place et aussi la réussite des élèves. Sans remonter trop loin dans le temps, citons Jack Lang, un des ministres préférés des français, qui dans les années 2000 disait « Ma volonté est de revisiter l’ensemble du système et de centrer d’abord les transformations sur l’amélioration de l’école première. C’est là que le destin de nombreux enfants se joue. C’est là que se décident leur réussite ou leurs difficultés futures. Le plan pour l’Ecole vise à la fois à assurer une totale maîtrise des apprentissages fondamentaux et à mieux armer les enfants pour affronter le futur ». Plus tard Nicolas Sarkozy voudra aider les « orphelins de 16 h » et le gouvernement Fillon créera des dispositifs de soutien publics et gratuits (études dirigées, aide personnalisée, stages pendant les vacances). Les contraintes budgétaires vont malheureusement réduire ces dispositifs, les RASED étant les premiers à en souffrir. Vincent Peillon souhaite, lui aussi, faire face à l’échec scolaire en redéfinissant les missions des enseignants et en lançant à titre expérimental un soutien scolaire en ligne dans trois académies : Versailles, Poitiers et Toulouse.

Tous ces ministres veulent améliorer le système éducatif, mais la mise en œuvre de leurs actions demande du temps et les élèves n’en ont pas. S’ils sont en difficulté, c’est tout de suite qu’il faut les aider. Lorsque que quelqu’un est malade, il faut trouver un remède rapidement et non pas remettre à plus tard les moyens à mettre en œuvre pour le guérir. Les moyens, mis en œuvre étant mis en place trop tardivement, contribuent à augmenter l’inquiétude des familles.

Les cours privés en croissance constante

La France est le premier pays d’Europe où le recours aux cours privés est le plus actif. Un million d’élèves y aurait recours.

Le marché des cours privés se porte bien, avec un chiffre annuel de plus de 2,5 milliards d’euros, dont plus des trois quarts ne seraient pas déclarés, malgré les avantages fiscaux. Près de 300 officines se partagent le marché officiel, qui représente environ 10% du business, nous pouvons citer entre autres Acadomia (coté en bourse), les Cours Legendre, Complétude ou Anacours.

Le Centre d’Analyse stratégique (CAS) estime que les familles françaises sollicitent 40 heures de cours par an et enfant pour un budget de 1 500 euros, avant déduction fiscale. Par qui ces cours sont-ils assurés ? par des étudiants de licence ou master, ou des enseignants qui désirent arrondir leurs fins de mois.

La France est championne d’Europe du soutien privé, avec des propositions très attirantes et bien ciblées, qui proposent des services pour les enfants de 3 ans jusqu’aux post-bacs, avec des prépas privées pour intégrer les filières sélectives, dont médecine.

Est-ce bien efficace ?

Et qui en tire le plus de profit ? Ceux qui sont les acteurs de ce marché, que ce soit les officines privées, les éditeurs, mais pas nécessairement les élèves, particulièrement ceux qui sont en difficulté. Si cela fonctionnait réellement, les résultats le prouveraient et il n’y aurait plus d’échec scolaire. Précisons aussi que pour bénéficier de ce système d’aide, il est nécessaire d’engager des moyens financiers, parfois sur une longue période. Malheureusement les élèves qui sont en difficulté sont souvent issus de familles qui ont également des difficultés financières. Ces cours particuliers ne sont efficaces que pour donner un coup de pouce à un moment donné à des élèves qui n’en auraient peut-être pas eu besoin mais qui se sont retrouvés à un moment ou autre en « panne » d’apprentissage.

Les inégalités se creusent de plus en plus entre les différences classes sociales comme entre les établissements, classés eux aussi selon leurs performances, performances bien souvent liées à des critères de sélection non avoués officiellement. Il n’est même plus question de privé ou de public, car cette frontière tend à disparaître.

Alors que faire ?

L’Education nationale a un grand défi à relever, et ce ne seront pas des petits saupoudrages, qui permettront à un ministre de laisser son nom, en voulant contenter sans mécontenter. Il faut prendre le problème de front, mais qui osera un jour le faire ? Est-ce en passant des aides personnalisées (AP) aux activités pédagogiques complémentaires (APC) que cela va s’améliorer ? L’augmentation du nombre de professeurs sera-t-il suffisant ? La modification de la semaine de classe, sans grands changements en profondeur sera-t-elle suffisante ? Ce n’est pas du pessimisme mais du réalisme, quelqu’un ne disait-il pas, il y a quelques années qu’il « faudrait donner un coup de pied dans la fourmilière » ou qu’ « il faut dégraisser le mammouth ».

Au lieu d’utiliser des services privés, pourquoi ne pas s’appuyer sur des services publics comme le CNED qui dispense, au demeurant, des cours très bien faits et surtout gratuits : Académie en ligne

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