Supprimer le redoublement à l’école, c’est un sujet récurant dont on parle depuis des décennies, et pour lequel aucune solution véritable n’a encore été trouvée.
Europe 1 se faisait l’écho de l’annonce de la ministre de l’Education, Najat Vallaud-Belkacem, qui envisagerait de supprimer le redoublement dès la rentrée prochaine. Les principaux arguments avancés sont l’inefficacité du redoublement pour aider un élève à sortir de l’échec, et le coût important pour l’Etat.
Un nouveau décret ?
Un nouveau décret serait prêt depuis juillet, en attente d’examen par le Conseil d’Etat. Ce texte prévoit la limitation importante du redoublement, qui ne devrait être proposé que dans des cas bien précis. Proposé seulement, puisque ce sont les familles qui auraient le dernier mot. Les familles pourraient également demander à ce que le maintien dans une classe soit possible.
Cette limitation des redoublements pourrait engendrer de substantielles économies sur les 1,6 milliards que cela coûte chaque année. Bien évidemment cette somme pourrait être réutilisée judicieusement pour un soutien des élèves en difficultés.
Un démenti du ministère
A la suite de l’information lancée hier matin, le ministère de l’Education nationale rédigeait un tweet de mise au point :
Précision : le #redoublement ne sera pas supprimé mais il doit être l’exception comme le prévoit la loi de refondation de l’École.
— Education nationale (@EducationFrance) 24 Septembre 2014
La France championne d’Europe du redoublement
Actuellement, 28% des élèves sont restés deux ans dans la même classe. Lors de l’entrée en sixième, ils sont 11,1% à avoir un an de retard et même 0,4% deux ans de retard. La France se place au 5e rang des pays de l’OCDE qui utilisent le plus le système du redoublement.
Najat Vallaud-Belkacem rappelle que, à la suite de la loi Peillon, « la loi du 8 juillet 2013 de refondation de l’École de la République (article 37) a fait du redoublement une procédure exceptionnelle. Le législateur n’a pas souhaité supprimer le redoublement mais le limiter à certaines circonstances particulières qui le justifient absolument. Les modalités d’application de l’article 37 de la loi ont été fixées par un projet de décret adopté lors du conseil supérieur de l’éducation (CSE) du 3 juillet 2014 et actuellement devant le Conseil d’Etat. »
Alors que faire ?
Selon certaines informations, le ministère envisagerait un enseignement plus individualisé, à travers de petits groupes de travail. Une autre idée serait le recours aux « cahiers de vacances institutionnalisés » avec des cours de rattrapage en été.
Même si beaucoup de parents et d’enseignants sont défavorables au redoublement, il n’est pas certain que cette dernière idée soit le bon remède. Si l’on met en place les cahiers de vacances, les élèves en difficulté concernés auront-ils l’aide nécessaire à la maison. De plus, quand un élève accuse un retard scolaire, il rejette souvent l’école, alors pourquoi l’obliger à la fréquenter davantage, de surcroît pendant les vacances.
Pourquoi ne pas s’intéresser au rythme réel de l’élève. On a mis en place les rythmes scolaires, mais pourquoi pas les rythmes de l’élève ? Même si certains pensent que tous les enfants naissent avec la même intelligence, l’expérience montre bien que tous n’accèdent pas au savoir de la même manière, ni au même moment. Ainsi, en réduisant le redoublement et les économies que cela engendrerait, pourquoi ne pas envisager de dédoubler certaines classes ou mieux, puisque la ministre parle d’individualisation, de changer le mode de fonctionnement des classes. Deux idées qui peuvent être suggérées : la première serait de moduler l’effectif des classes, avec un nombre d’élèves plus important lorsque le milieu est favorable et des groupes restreints lorsque les difficultés sont avérées ; cet écart d’effectif pourrait être bien plus grand que ce qui existe actuellement entre les zones « dites normales » et les REP. Ceci pourrait aussi être assorti d’une meilleure prise en charge par des professeurs qualifiés. La seconde idée serait de moduler le rythme des apprentissages. Puisque des élèves apprennent plus ou moins vite, pourquoi ne pas leur permettre, par exemple de réaliser réellement leur parcours du CP au CE2 en 2, 3 ou 4 ans. Dans les textes cela existe, mais dans la pratique, le système de fonctionnement des classes, trop cloisonné, ne le permet pas. Quelle que soit l’idée retenue, une idée maîtresse devrait être le moteur de la réussite : le travail en équipe.
Depuis la création des cycles, le redoublement aurait du disparaître, c’est-à-dire depuis la loi d’orientation Jospin de 1989. La réalité n’a malheureusement pas concrétisé le but de cette réforme.