Le chômage touche particulièrement les jeunes, avec des taux souvent élevés et inquiétants, comme pour l’Espagne (56,5%) ou la Grèce (57,3%). C’est guère mieux en Croatie (52,8%), à Chypre (43,9%) ou en Italie (40,4%). La France est également au-dessus de la moyenne européenne avec 26,1%. C’est dans les pays plus « germaniques » que l’on atteint des scores inférieurs ou égaux à 10%, les meilleurs se situent en Allemagne, en Autriche et aux Pays-Bas.
Un autre pays, qui ne fait pas partie de l’union européenne, mais qui mérite d’être cité car son taux de chômage est exemplaire car il ne dépasse pas les 3% en globalité ; il s’agit de la Suisse.
Comment font les Suisses pour obtenir de telles performances ?
Le taux de chômage est l’un des plus faibles au monde, et le système de formation y est sans doute pour beaucoup.
Pour mieux comprendre, intéressons-nous au système scolaire suisse.
Le système scolaire suisse est très décentralisé et les compétences sont partagées entre la confédération, les cantons et les communes. Chaque canton a ses propres lois et jouit d’une grande autonomie, dictée en partie par les différences culturelles ou linguistiques (4 langues). Une harmonisation est en cours de réalisation. Les horaires varient en fonction des classes et des niveaux, avec souvent une pause longue à midi car les cantines scolaires sont rares.
La scolarité obligatoire dure environ neuf ans, dont 4 à 6 ans en école primaire. La scolarité débute généralement entre l’âge de 6 ou 7 ans, mais il peut y avoir fréquentation d’une école enfantine, de niveau préscolaire, pendant un ou deux ans.
Après la scolarité obligatoire, 90% des jeunes poursuivent leur formation, et c’est la plus grande proportion des pays de l’OCDE.
Qu’y a-t-il de différent par rapport à la France ?
Jusqu’à l’âge de 15 ans environ, nos systèmes sont très proches. Mais ensuite les système divergent. En Suisse, plus des deux tiers des jeunes « quittent » l’école pour entrer en apprentissage pendant trois ou quatre ans. Ils ne la quittent pas totalement, car la formation comprend une partie en entreprise et l’autre en école professionnelle où ils y passent un ou deux jours par semaine. Ces jeunes vont recevoir une formation qualifiante, motivante et bien payée. Ils vont surtout trouver un emploi à la fin de leur formation, emploi qui sera d’autant plus performant qu’ils ont déjà été formés. Un autre avantage, non négligeable, un jeune qui a terminé sa formation en apprentissage a la possibilité de poursuivre des études supérieures et accéder à des emplois à haute responsabilité. Un apprenti électricien, par exemple, peut envisager raisonnablement de devenir un jour ingénieur ou chef d’entreprise, nul besoin d’avoir son bac comme en France. En fin d’apprentissage, les jeunes obtiennent un certificat fédéral de capacité, reconnu dans tout le pays.
A propos de bac, pas question comme en France de l’obligation de 80% d’une tranche d’âge au bac ! Seuls 20% environ poursuivent une formation dans des gymnases, l’équivalent de nos lycées, pendant 3 ou 4 ans. Ils obtiendront un diplôme de maturité fédérale, l’équivalent de notre baccalauréat. Ce diplôme donne accès aux universités et aux hautes écoles.
Moins de bacheliers, mais moins de chômeurs
Selon le classement PISA, les élèves suisses réussissent bien en mathématiques, en sciences, mais en lecture leurs aptitudes sont moyennes.
La proportion de jeunes qui obtiennent un diplôme de maturité est d’environ 20%. Par rapport à la moyenne internationale, ce taux de bacheliers paraît faible, mais les formations professionnelles permettent d’entrer directement sur le marché du travail, et surtout l’accès à un niveau secondaire II n’est pas conditionné par la possession d’un diplôme de maturité. Comme disent ironiquement certains jeunes suisses à propos des français « ils ont réussi leur bac pour devenir chômeurs ».
90% des jeunes en Suisse obtiennent vers 18/19 ans un diplôme du niveau secondaire II. Ce diplôme leur permet d’entrer directement dans la vie professionnelle, d’accéder à une école professionnelle supérieure ou, s’ils sont porteurs d’une maturité, de poursuivre leur formation auprès d’une haute école.
Le système suisse de formation se distingue notamment par :
- son haut degré de perméabilité: plusieurs voies s’offrent à qui veut se former, changer d’école ou de formation ou rattraper une formation.
- son accès ouvert aux diverses offres de formation: si elle a les qualifications nécessaires, toute personne peut suivre la formation de son choix et, dans le cas des hautes écoles, déterminer également le lieu de formation de son choix.
La Suisse espère faire de son système d’apprentissage un modèle exportable. C’est déjà une réalité avec la Grande-Bretagne qui s’y intéresse, ou l’Inde, la Chine ou le Brésil par exemple.