Le calendrier scolaire victime du lobby du tourisme

Depuis des décennies, on a tenté de mettre l’enfant au centre de l’environnement scolaire. Pour cela on a cherché à répondre aux rythmes de l’enfant et à trouver le bon équilibre travail-repos-loisirs ou appliquer d’autres découvertes. Mais loin des recherches des chrono-biologistes, on s’aperçoit que l’on stagne, voire même que l’on recule.

Une semaine arythmique

A commencer par la journée scolaire et la semaine que l’on veut mieux équilibrée. En étudiant le fonctionnement des nouveaux rythmes scolaires, on s’aperçoit que le but initial n’est pas atteint. Les journées sont-elles moins chargées ? Certes, certains jours il y a moins de cours purement scolaires, mais le nouvel empilage d’activités ne réduit en rien la longueur de la journée. De surcroît on a ajouté une demi-journée supplémentaire. Sans vouloir faire un retour en arrière, lorsqu’il y avait classe le samedi (même toute la journée), la semaine fonctionnait très bien sur un rythme de 3 jours de classe, 1 jour de repos, 2 jours de classe, 1 jour de repos, avec des horaires journaliers de 8h à 11h et 13h30 à 16h30. A cette époque, les enfants pouvaient encore jouer après la classe. Pour contenter toutes les parties et le rythme trépidant de la vie des parents, on a rajouté toutes sortes d’activités aux horaires de classe, si bien que certains enfants arrivent à l’école à 7h30 pour ne la quitter qu’à 18h30. Quels parents feraient du non-stop sur leur lieu de travail pendant 11 heures ? Que dire également de ces semaines de 5 jours de travail suivi de 2 jours de repos, avec des fins de journées de classe bien irrégulières, comme par exemple 16h30, 15h00, 11h30, 16h30 et enfin 15h00.

On a l’impression que l’on veut faire évoluer nos enfants dans le monde contemporain au même rythme que le fait la musique contemporaine et ses rythmes complexes, tels les duolets ou les valeurs ajoutées.

Les nouveaux rythmes contiennent de la valeur ajoutée, comme en musique, avec plus de temps que prévu dans une mesure !

Mais pourquoi, en voulant simplifier ces rythmes en a-t-on fait des systèmes aussi complexes ? Tout simplement, pour tenter de contenter tout le monde, les familles « favorisées » qui veulent partir en week-end, les collectivités qui veulent réduire le coût organisationnel, ou toutes les bonnes raisons qui font que l’on ne change jamais vraiment les choses.

Une année scolaire quasi immuable

Tous les ministres de l’éducation ont souhaité changer le calendrier annuel. On a tenté des améliorations, mais les vœux pieux de sept semaines de travail deux semaines de congé n’ont jamais abouti. On n’arrive pas à obtenir une solution pour la réduction des vacances d’été à six ou sept semaines. Même si l’on reconnaît que moins de vacances en été serait favorable aux enfants, cette évidence s’effondre face aux professionnels du tourisme qui craignent de voir leur activité se réduire. Ce ne sera pourtant pas le cas, car si on mettait en place un étalement sur plusieurs zones, et pourquoi pas les trois actuelles, ainsi la durée totale de fonctionnement des activités d’été serait répartie sur un nombre identique de semaines et ne léserait personne. Tous les Français ne partent pas en même temps et pourraient trouver des solutions, de plus tous ne partent pas malheureusement en vacances.

Le projet de modification du calendrier des vacances d’été n’a pas abouti mais déjà un autre dilemme apparaît au sujet des vacances de printemps. En effet, les professionnels de la montagne et du ski protestent ; Les stations de ski, selon eux, auraient subi une baisse de 70% en trois ans sur la période de printemps. La raison invoquée est la fin trop tardive de ces vacances en mai. Mais n’y aurait-il pas d’autres raisons, une désaffection des stations en faveur de séjour à l’étranger moins coûteux, ou tout simplement une baisse du pouvoir d’achat ?

Les professionnels du ski ont donc demandé une modification  du calendrier annuel et obtenu  satisfaction. Les vacances de Noël, à partir de 2016, débuteraient un samedi au lieu du mercredi, permettant ainsi deux séjours de samedi à samedi, mais avec une rentrée un 3 janvier. Au fait, doit-on toujours dire vacances de Noël, si l’on veut garder une neutralité religieuse au nom de la laïcité ? De même les vacances de printemps seraient avancées d’une semaine. Certains professionnels sont satisfaits, mais pas la communauté éducative, qui par le vote du Conseil supérieur de l’éducation (CSE) réuni le 16 janvier dernier a voté à une grande majorité contre ce projet. Mais ce vote n’était que consultatif !

A nouveau, malgré la désapprobation des syndicats enseignants ou des fédérations de parents d’élèves, les enfants seront encore pénalisés avec une dernière période scolaire de dix semaines. Comme toujours, les rythmes des enfants passent après les intérêts financiers.

Des ministres toujours guidés par les lobbies financiers

Vincent Peillon agit comme ces prédécesseurs et fait marche arrière face au lobby du tourisme. Il prévoit même de modifier le calendrier scolaire à partir de la rentrée 2015.

Les professionnels du tourisme estival se fâchent, les professionnels du tourisme de montagne font de même, les hébergeurs qui fonctionnent à la semaine argumentent et le ministre cède à cette pression. Le gouvernement se laisse influencer par des motifs commerciaux et financiers.

Qui tient compte de l’avis des vrais professionnels concernés et compétents que sont les enseignants ? Personne, ils n’ont pas suffisamment d’influence et n’interviennent pas dans le monde de la finance. Ont-ils été consultés sur la semaine de 4 jours et demi, sur l’organisation de l’année scolaire, on répondra que oui, mais leur avis n’est que consultatif et ils n’ont aucune influence sur la décision finale.

Le calendrier des vacances scolaires des prochaines années sera-t-il modifié ?

Mais la grande question est « Quand prendra-t-on en compte uniquement l’intérêt de l’enfant ? ».

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