« L’école fantôme » Qu’est devenue notre école ?

« L’école fantôme », c’est le titre de l’essai du philosophe Robert Redecker, qui nous explique ce qu’est devenue notre école.

« Il n’y a pas d’École sans d’abord une pensée de l’homme et de la société – pensée qui aujourd’hui fait défaut. C’est cette absence de pensée qui définit la crise de la vie, cause véritable de la crise de l’École. » Extrait de « L’école fantôme »

A propos du français, ce n’est plus de la langue que l’on parle, mais d’un outil de communication. On apprend aux élèves à manier un outil ! Mais de quel outil s’agit-il lorsqu’on entend la ministre de l’Education dire « je ne me suis jamais prêtée aux bruits de chiottes qui consistent à raconter des choses qui n’ont pas à être racontées. » ou encore « c’est gonflé », à propos du départ d’Emmanuel Macron. Quel bel exemple de langage pour nos élèves !

Pour Robert Redecker, l’Ecole est devenue une simili-école qui délivre de simili-enseignements qui vont permettre d’obtenir de simili-diplômes. Les fonctions traditionnelles, comme l’apprentissage, sont oubliées au profit d’une dilution de disciplines qui dispersent l’attention des élèves. Combien de pédagogues parlent pourtant de revenir aux fondamentaux. Lire, écrire, compter n’est-ce pas la base que nous rappellent tous ces ministres ?

« Pour détruire l’École, il importait que les professeurs se banalisassent, qu’ils s’exprimassent avec le même laisser-aller que la majorité de leurs concitoyens, qu’ils adoptassent le parler-cool et le parler-jeune (…). Ceux qui continuent à être ce qu’ils étaient, ce qu’ils furent, ceux qui persistent à vivre dans leur identité de professeur, sont traités par toute la société en témoins gênants. La société veut des enseignants, elle ne veut plus des professeurs ! » Les professeurs sont reclassés en communicants et animateurs socio-culturels, et tout en passant d’instituteurs à professeurs des écoles ils sont devenus des Français comme les autres.

Toujours, selon Robert Redecker, c’est la volonté de lutter contre les inégalités qui paralyse tout le système. En voulant nous faire croire à un certain égalitarisme, on oublie l’essentiel l’accès pour tous au savoir. Mais personne ne pourra faire d’un manuel un parfait intellectuel. Sinon chacun pourrait prétendre prendre la place du ministre de l’Education et faire aussi bien. Quoique, à force de réutiliser et recycler sans cesse les mêmes « recettes » qui ne fonctionnent pas, d’autres pourraient réussir.

L’épanouissement de l’élève est au cœur de notre système scolaire, mais cela a pour conséquence de brider les meilleurs tout en normalisant les plus faibles. L’Ecole est devenue, selon Jean-Claude Michéa « l’institution de l’enseignement de l’ignorance ».

A lire dans L’Ecole Fantôme, de Robert Redecker :

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Introduction : La crise de la langue, écho de la crise de l’École
I – L’École méduse, l’École gélatineuse
II – Les inhéritiers, enfants du sanglot du maître blanc
III – Le pédagogisme assassin
IV – La fin des instituteurs et la destruction de l’École
V – La fin des professeurs et la destruction du lycée.
Le hussard muté en urgentiste du libéralisme
VI – L’École attaquée par le vivre-ensemble
VII – L’École entre enracinement et arrachement
VIII – L’enseignement, l’éducation et la mort
IX – L’École, la gratuité et le loisir
X – L’École, la société et l’économie
XI – L’École menacée par l’intégration et l’adaptation au numérique
XII – Pour résister à la fête, l’École !
XIII – La crise de l’École est une crise de la vie humaine
XIV – Pour l’École. Pour la culture générale
Conclusion : L’École fantôme et le fantôme de l’École

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