Le classement PISA très attendu vient d’être publié aujourd’hui. Ce classement est le résultat d’une étude triennale, qui concerne cette année l’appréciation du niveau des élèves de 15 ans, principalement en mathématiques. On s’attendait à des résultats en recul pour la France, et c’est bien le cas puisque nous perdons encore 2 places. La France se classe ainsi au 25e rang sur 65, et 18e parmi les pays membres de l’OCDE.
Plus grave encore, l’écart se creuse toujours et ce sont les élèves les plus en difficulté qui s’enfoncent encore davantage. Si l’on ne prenait en compte que les élèves issus de milieux favorisés, la France serait classée 13e, mais si l’on ne tient compte que des élèves défavorisés, nous serions 33e ! Les « bons » élèves restent performants, mais le nombre d’élèves en difficulté augmente : 22,4% contre 16,6% il y a dix ans. Vouloir obtenir 80% d’une tranche d’âge au bac ressemble de plus en plus à une utopie. Les résultats de ce classement démontrent bien que diminuer les difficultés d’une épreuve pour la rendre accessible au plus grand nombre dévalorise le diplôme mais n’améliore pas le niveau de compétence des élèves. Dans le même temps, un tiers des pays progresse en mathématiques, et les pays en tête de classement ont au moins un tiers de leurs élèves dans le groupe des meilleurs (13% pour la France).
L’Allemagne, l’Italie, la Pologne ou la Turquie réussissent à améliorer l’égalité des chances, améliorant les performances des élèves les plus en difficulté. La France n’y réussit pas et détient même le triste titre de pays le plus inégalitaire de l’OCDE. Ainsi les enfants d’immigrés ont deux fois plus de chances de faire partie des élèves en difficulté.
L’Asie domine toujours, avec Shanghaï en tête en mathématiques, en sciences et en compréhension de l’écrit ; suivent Singapour et Hong-Kong. Les pays qui obtiennent les meilleurs résultats sont ceux qui réussissent à mieux répartir les ressources entre les écoles favorisées et défavorisées. Les systèmes éducatifs les plus performants mettent le plus l’accent sur la sélection et la formation des enseignants, les encourageant à travailler ensemble. Un rôle prépondérant est celui des parents, lorsqu’ils ont de fortes attentes, leurs enfants ont de meilleurs résultats ; les élèves font plus d’efforts, ont davantage confiance en eux et sont plus désireux d’apprendre.
Une dégradation qui semble irréversible
Le nombre d’élèves en difficulté augmente en France. Notre pays n’a pas su faire les réformes qui s’imposent. L’Allemagne, l’Estonie ou le Portugal ont réformé la formation initiale et continue des enseignants et ont permis aux enseignants plus expérimentés d’enseigner dans des établissements plus défavorisés en créant des incitations. Souhaitons que la création des ESPE améliore nos performances, en ne permettant plus aux candidats de réussir à un concours d’enseignant avec seulement 4 sur 20 comme ce fut le cas dans l’académie de Créteil. Une remise en cause des méthodes pédagogiques pour mieux prendre en charge les difficultés rencontrées par les enseignants semble indispensable pour avancer et aboutir à des résultats tangibles.
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