Un enseignement toujours plus light

L’année scolaire est à peine commencée que déjà l’on parle de modifier les programmes de l’année en cours. Ne pouvait-on pas prévoir ces changements avant la rentrée, sans donner l’impression d’amateurisme ? Quoiqu’il en soit, la décision ne sera prise officiellement que le 19 septembre prochain.

L’histoire en troisième

Les syndicats de l’enseignement secondaire demandaient un allègement du programme d’histoire et semblent satisfaits des modifications en cours. Les programmes d’histoire de troisième et de terminale vont donc être réduits.

Concrètement, si l’on analyse les horaires de la classe de troisième, le groupe histoire-géographie-éducation civique représente un volume horaire de 3 h 30. On peut donc supposer que l’histoire occupe 1 h 30 par semaine, ce qui correspondrait à un volume annuel de 54 heures sur une année normale de 36 semaines ; arrondissons à 50 heures en retirant les 3 semaines de fin d’année. Le programme normal d’histoire est de 30 heures, sur lesquelles on va retirer un tiers, reste donc 20 heures d’enseignement. En conclusion, on obtient un reliquat de 30 heures, qui va, nous espérons, permettre d’aller au rythme des élèves et cette fois de terminer le programme avant la date des examens.

Toujours du light. Dans le prolongement de cette tendance, en géographie, il y aura moins d’étude de cas, en particulier l’étude obligatoire d’un parc naturel disparaît. Peut-on supposer que les parcs naturels disparaissent de notre environnement ?

Les professeurs se plaignent que les programmes sont trop denses pour des élèves qui manquent de motivation, et les parents considèrent que les programmes sont mal faits. Peut-on envisager que nous ayons vraiment le choix d’apprendre ce que nous voulons, comme nous le voulons ?

La refonte de l’ensemble des programmes est engagée par le ministre de l’éducation jusqu’en 2017.

Des allègements précédents

En 2012, le programme d’histoire de première avait déjà été allégé. En 2011, l’histoire avait même été supprimée en terminale S avant d’être réintroduite par Vincent Peillon. On remodifie donc ce qui l’avait déjà été il y a un an seulement !

Les professeurs regrettent la lourdeur des programmes, mais on n’a pas réglé le débat qui oppose les partisans de l’enseignement chronologique ou thématique. On demande de plus en plus aux élèves de construire leur savoir par leur seule réflexion. Mais pour pouvoir réfléchir concrètement, il faut posséder de bonnes bases de connaissances, or les élèves ne maîtrisent pas les repères chronologiques.

Réfléchir, oui, mais…

L’allègement ne touche pas que l’histoire, car si l’on se penche sur d’autres programmes de notre système éducatif, par exemple en primaire on parle d’ORL. Chacun connaît l’ORL, l’observation réfléchie de la langue. On ne parle plus de grammaire, conjugaison, vocabulaire ou orthographe mais d' »ORL »! Encore une fois, on peut se poser la question de savoir s’il est possible de réfléchir sans posséder les bases nécessaires, ces bases qui se résument malheureusement souvent à une prononciation erronée des mots donnant une écriture déformée, sans parler de l’écriture type SMS. On a tant décrié le BLED, et pourtant mes anciens élèves devenus adultes s’en souviennent encore, même s’ils pensaient à l’époque en faire une consommation plus abusive que light ; mais ils ont acquis des bases qui leurs servent encore aujourd’hui. On reconnaît néanmoins l’utilité de cet apprentissage, sinon comment expliquer que les grandes surfaces ou les librairies vendent tant d’ouvrages tel le BLED, ou plus actuel le Bescherelle qui fait partie des indispensables ! Et ce manque d’approfondissement des bases explique sans doute pourquoi des officines de cours particuliers sont florissantes ! Ou le recours à tous ces professeurs qui donnent des cours particuliers !

Les programmes se veulent de plus en plus light pour s’adapter aux plus faibles ou aux moins motivés ; mais il est nécessaire de les compléter par ailleurs, ce qui crée ainsi des écarts importants entre ceux qui ont les moyens d’obtenir l’aide nécessaire (financièrement ou intellectuellement) et les autres. Ne parlons pas d’égalité. Il y a bien ces APC (aides personnalisées) me direz-vous, mais quelle est leur efficacité réelle pour des élèves en difficultés qui doivent en faire plus que les autres alors que par définition ils détestent déjà l’école et se sentent en échec.

A force de vouloir alléger les programmes au profit d’élèves en difficulté dont le nombre progresse, les résultats au bac donnent des taux de réussite croissants en trompe-l’œil !

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