La fondation pour la recherche sur les administrations et les politiques publiques (IFRAP) s’est penchée sur les causes qui ont conduit la France à autant dépenser pour l’éducation sans obtenir de meilleurs résultats ; pour cela, elle la compare à deux autres pays qui sont classés de la même manière dans Pisa pour un nombre d’élèves similaire (10,5 millions), l’Allemagne et le Royaume-Uni.
Toujours plus en France
Quand la France dépense 85,7 milliards pour son éducation, l’Allemagne et le Royaume-Uni n’en dépensent que 55 milliards soit 30 milliards de moins. Et si l’on compare le personnel employé, les chiffres sont également édifiants, 1,3 million pour la France contre 821 000 et 878 000 respectivement pour les deux autres pays.
Le nombre d’établissements scolaires est également nettement supérieur en France, 48 984, sans les maternelles, contre 32 0803 en Allemagne et 29 555 au Royaume-Uni. En France, il faut noter un plus grand nombre de petits établissements, nombre en partie lié à une répartition trop dispersée entre communes, départements et régions. En conséquence le nombre d’intervenants est 3 fois supérieur en France qu’au Royaume-Uni.
Une gestion différente
L’Allemagne et le Royaume-Uni privilégient une gestion locale alors que le système français est très centralisé et national. Pour comprendre le système local allemand, il suffit de s’intéresser à l’élaboration des vacances scolaires, qui sont définies par les Länder, ce qui permet un meilleur étalement des vacances d’été qui dépendent d’impératifs locaux et non nationaux, problème auquel la France ne souhaite pas encore s’attaquer. Bloquée par des obligations nationales, la France n’a toujours pas réussi à trouver une solution à l’étalement des vacances d’été.
Le système français est moins rationnel et trop lourd et trop complexe. Les lycées dépendent de 22 régions, les collèges de 100 départements et les écoles primaires de 36 700 communes. Tout ceci multiplie les services de gestion, qui souvent fonctionnent en doublon. Comparativement, en Allemagne, on ne trouve que 2 niveaux de compétences, les Länder (16) et les communes (11 000).
L’IFRAP s’est également intéressée au nombre d’enseignants (image ci-dessus). La France compte 126 000 enseignants de plus que l’Allemagne et 300 000 de plus que le Royaume-Uni. La France dépense également 10 milliards de plus que ses voisins pour sa masse salariale, alors comment expliquer que les enseignants sont moins bien payés chez nous !
Malgré des moyens, en apparence supérieurs, la France est passée du 12e au 22e rang du classement PISA entre 2000 et 2009. Les résultats 2012 arriveront en décembre, et devraient malheureusement être aussi décevants. A quand une refondation avec des réformes réelles avec une décentralisation selon le modèle suédois, par exemple, comme l’ont fait l’Allemagne et le Royaume-Uni ?
Les propositions de l’IFRAP pour une école moins chère et de meilleure qualité
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Décentraliser l’éducation au niveau des régions et du bloc communal (dans le cadre d’une fusion des communes de moins de 10.000 habitants), les régions absorbant les académies et les communes étant responsables de tous les établissements (primaires et secondaires) sur leur sol et aussi de la masse salariale (et non plus seulement les personnels techniques).
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Supprimer les académies et instaurer des agences régionales de l’éducation chargées d’assurer la transition vers la complète décentralisation.
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Mettre en place un forfait par élève et par an – une sorte de « tarification à l’activité » qui serait versée à des établissements autonomes en fonction du nombre d’élèves dans l’établissement.
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Réformer le statut des enseignants qui date de 1950 en passant de 18 à 20 heures (voire 22 heures) de cours pour tous les professeurs, y compris les agrégés, instaurer la bivalence, annualiser les heures d’enseignement. Allonger comme en Allemagne, la durée de probation avant de devenir titulaire à 5 ans.
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Rémunérer les enseignants à la performance et diversifier les statuts et types de contrats en payant mieux les enseignants et en réduisant leur nombre.
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Accorder l’autonomie de gestion aux écoles et à leurs chefs d’établissements, notamment pour ce qui est de la constitution des équipes pédagogiques et de l’évaluation des professeurs. Rendre automatique la publication des comptes consolidés de chaque établissement.