Un directeur veille à la bonne marche de chaque école maternelle ou élémentaire ; il assure la coordination nécessaire entre les maîtres. Un décret en Conseil d’État fixe les conditions de recrutement, de formation et d’exercice des fonctions spécifiques des directeurs d’école maternelle et élémentaire. Les parents d’élèves élisent leurs représentants qui constituent un comité des parents, réuni périodiquement par le directeur de l’école. Le représentant de la commune ou de l’établissement public de coopération intercommunale intéressé assiste de plein droit à ces réunions. (Art. L 411-1 [modifié par loi n° 2005-380 du 23 avril 2005, art. 35])
Depuis de très nombreuses années, les directeurs d’écoles sont de plus en plus en souffrance. Heureusement qu’ils aiment leur métier et leur fonction même si la surcharge de travail s’amplifie chaque année, et même s’ils manquent d’autonomie. Le ministre de l’Education veut recruter 10 000 « assistants » pour les aider. Est-ce bien suffisant, de plus ne faudrait-il pas qu’il y ait un vrai statut des directeurs d’écoles ?
Que fait un directeur d’école ?
Il veille à la bonne marche de l’école et au respect de la réglementation qui lui est applicable.
Il procède à l’admission des élèves sur production du certificat d’inscription délivré par le maire.
Il répartit les élèves entre les classes et les groupes, après avis du conseil des maîtres.
Il répartit les moyens d’enseignement.
Après avis du conseil des maîtres, il arrête le service des instituteurs et professeurs des écoles, fixe les modalités d’utilisation des locaux scolaires pendant les heures et périodes au cours desquelles ils sont utilisés pour les besoins de l’enseignement et de la formation.
Il organise le travail des personnels communaux en service à l’école qui, pendant leur service dans les locaux scolaires, sont placés sous son autorité
Il organise les élections des délégués des parents d’élèves au conseil d’école ; il réunit et préside le conseil des maîtres et le conseil d’école ainsi qu’il est prévu aux articles 14 et 17 du décret n° 90-788 du 6 septembre 1990 relatif à l’organisation et au fonctionnement des écoles maternelles et élémentaires.
Il prend toute disposition utile pour que l’école assure sa fonction de service public. A cette fin, il organise l’accueil et la surveillance des élèves et le dialogue avec leurs familles.
Il représente l’institution auprès de la commune et des autres collectivités territoriales.
Il assure la coordination nécessaire entre les maîtres et anime l’équipe pédagogique.
Il réunit en tant que de besoin l’équipe éducative prévue à l’article 21 du décret du 6 septembre 1990 susmentionné. Il veille à la diffusion auprès des maîtres de l’école des instructions et programmes officiels.
Il aide au bon déroulement des enseignements en suscitant au sein de l’équipe pédagogique toutes initiatives destinées à améliorer l’efficacité de l’enseignement dans le cadre de la réglementation et en favorisant la bonne intégration dans cette équipe des maîtres nouvellement nommés dans l’école, des autres maîtres qui y interviennent, ainsi que la collaboration de tout autre intervenant extérieur.
Il peut participer à la formation des futurs directeurs d’école.
Il prend part aux actions destinées à assurer la continuité de la formation des élèves entre l’école maternelle et l’école élémentaire et entre l’école et le collège.
Il est l’interlocuteur des autorités locales. Il veille à la qualité des relations de l’école avec les parents d’élèves, le monde économique et les associations culturelles et sportives.
Il contribue à la protection des enfants en liaison avec les services compétents. Il s’assure de la fréquentation régulière de l’école par les élèves en intervenant auprès des familles et en rendant compte, si nécessaire, à l’inspecteur d’académie, directeur des services départementaux de l’éducation, des absences irrégulières.
Et ce ne sont que les tâches officielles qui sont définies par les décrets de 1991 et 2002.
Une fonction mal reconnue
Rappelons que les directeurs d’école ont, en plus de leur fonction administrative, une classe à gérer. Ils sont responsables du bon fonctionnement des classes et de leurs collègues sans être leur supérieur hiérarchique ; ils doivent organiser et surveiller le travail du personnel d’entretien ou de cantine ou des ATSEM, sans pour autant être leur vrai responsable puisqu’ils sont engagés par les communes et dépendent d’elles. De nombreuses responsabilités sans autorité reconnue, on est loin du système des établissements du second degré où les principaux n’ont plus charge de classe et bénéficient de l’aide de tout un système administratif. Si on prend le cas d’une école de près de 300 élèves, le directeur ne bénéficie que d’une demi-décharge, alors que des collèges comptant moins d’élèves auront un principal, un principal adjoint, un CPE, une secrétaire. Alors, même avec 10 000 personnes recrutées pour aider les directeurs d’écoles, comment ne pas comprendre que parmi les 45 000 directeurs en fonction, 97% jugent leur métier « épuisant et stressant » !
Si le ministère a bien compris le problème des directeurs il devrait lancer un groupe de travail sur l’évolution des fonctions de directeur. La tâche sera délicate, car les blocages risquent d’être nombreux. Il est temps de clarifier la situation des directeurs qui sont placés en position très instable entre les différents interlocuteurs que sont les communes, les inspecteurs de l’éducation nationale et la direction départementale des services de l’éducation. Outre la charge de travail, n’oublions pas de rappeler, que selon le décret de 1989 qui fonde les fonctions du directeur, celui-ci n’est qu’un enseignant parmi les autres. Comment alors être pleinement efficace dans la direction d’une école avec un défaut légal de reconnaissance d’autorité ? Pour compléter cette description, le directeur, qui ne bénéficie ni d’une personnalité morale et juridique, ni de la qualité de représentant de l’Etat, n’a aucune autonomie et doit rendre des comptes à l’inspecteur de sa circonscription et au maire. Seul avantage, il perçoit une indemnité mensuelle de 100 à 150 euros, et ne sera déchargé totalement de classe que si son école a au moins 14 classes, ce qui n’est pas la majorité des établissements (seulement 5%).
Alors, que faire ?
Les syndicats comme les politiques s’accordent à conclure que la fonction de directeur est de plus en plus difficile à gérer. Mais les solutions divergent, même si beaucoup s’accordent aujourd’hui pour faire évoluer le métier vers un « vrai statut ». Comme le précise le GDID (Groupement de Défense des Intérêts des Directeurs) « Il y a 10 ans on nous répondait, unanimement : ‘le dirlo est un enseignant comme les autres’ Aujourd’hui, pratiquement tous s’accordent à dire que directeur est un véritable métier et proposent des solutions pour le reconnaître. Le débat a donc changé de nature. Nous ne sommes plus dans la confrontation frontale pour installer nos idées, mais dans la recherche de solutions pour les accompagner. ».
Certains préconisent, tel le député UMP Frédéric Reiss, la création d’établissements publics d’enseignement primaire (EPEP), avec à leur tête un superdirecteur, détaché à plein temps. « Ces EPEP étaient prévus dans une loi de 2004, regrette le député du Bas-Rhin, mais les décrets d’application n’ont jamais vu le jour. Ils prendraient aujourd’hui tout leur sens alors qu’on évoque un socle commun de l’enseignement de la maternelle jusqu’en classe de troisième. ». D’autres, comme le secrétaire adjoint de l’Association des maires de France Pierre-Alain Roiron pensent qu’ « un directeur qui chapeauterait plusieurs écoles serait déconnecté du terrain et des élus locaux ».
La solution pourrait être intermédiaire avec une reconnaissance de la fonction, des perspectives de mobilité, une formation initiale et continue plus régulière, ainsi qu’une rémunération qui correspond aux obligations de la charge de directeur. Le ministre avait annoncé que la priorité serait donnée au primaire, il est donc surprenant que la question des directeurs d’écoles n’ait pas été abordée dans la loi sur la refondation de l’école. Serait-ce un sujet trop sensible ? La difficulté réside aussi dans la diversité des situations rencontrées. Aujourd’hui encore, une école sur dix n’a qu’une seule classe, un peu moins de la moitié a moins de 4 classes et moins de 10% ont plus de 10 classes. Il faut donc réfléchir à des solutions adaptées, sans se limiter uniquement aux questions telles les décharges, la formation ou les aides administratives ; le coût n’est qu’une partie du problème.
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