L’illettrisme a été officiellement déclaré « Grande cause nationale 2013 »
par le Premier Ministre Jean-Marc AYRAULT.
Aujourd’hui en France, ce sont 2.500.000 personnes, soit 7% de la population âgée de 18 à 65 ans qui ne maîtrisent pas les compétences de base nécessaires en lecture, écriture et calcul pour être autonomes (selon l’enquête publiée par l’INSEE en décembre 2012). Ils ont pourtant été scolarisés mais se retrouvent en souffrance devant des situations courantes : utiliser un distributeur automatique de billets, lire une notice ou plan, lire le carnet scolaire de leurs enfants…
Qu’est-ce que l’illettrisme ?
Selon l’Agence Nationale de Lutte Contre l’Illettrisme (ANLCI), l’illettrisme qualifie la situation des personnes de plus de 16 ans qui, bien qu’ayant été scolarisées en France, ne parviennent pas à lire et comprendre un texte portant sur des situations de leur vie quotidienne et/ou ne parviennent pas à écrire pour transmettre des informations simples.
Il est possible de réapprendre à lire, écrire, compter à tout âge, mais le mieux est la prévention dès la petite enfance. Les organisations fédérées à l’ANLCI exercent leur action pour faire reculer ce fléau. Elles y réussissent, et les chiffres le prouvent, le dernier état de 2004 recensait 9% de la population en difficulté.
Aujourd’hui, 16% des 18-65 ans éprouvent des difficultés dans les domaines fondamentaux de l’écrit. Pour 11% d’entre elles, ces difficultés sont graves ou fortes.
Par contre les performances en calcul sont en baisse. 16 % des 18-65 ans ont des performances médiocres et les personnes très performantes âgées de 18 à 30 ans représentent 31 % en 2011 contre 33 % en 2004. L’usage des outils informatiques réduit « sans doute chez les plus jeunes l’intérêt à maîtriser parfaitement les règles de base du calcul ».
L’enquête menée par l’INSEE montre également un écart entre les hommes et les femmes. Dans les disciplines mathématiques, 20% des femmes ont des résultats médiocres contre 14% des hommes ; et 24% des femmes ont d’excellents résultats contre 35% des hommes. Les résultats s’inversent à l’écrit : 17% des hommes sont en difficulté contre seulement 15% des femmes.
L’Insee rappelle que le niveau de compétence des adultes est fortement lié au pays et à la langue de scolarisation. Parmi les 16 % de personnes en difficulté à l’écrit, le taux bondit à 61 % chez celles scolarisées hors de France dans une autre langue que le français et à 31 % chez celles scolarisées hors de France mais en français.
Moins connu, l’illettrisme existe également chez les cadres
A force de ne pas utiliser l’écriture, ils en perdent l’usage. Il s’agit d’un « illettrisme de retour ». Un exemple, ce trader de 32 ans qui a fait des études sans quasiment jamais d’écrit : « Dans mon quotidien, ça me sert rarement, reconnaît-il. Mais quand j’ai dû écrire ma première synthèse, j’ai bloqué. Je n’y arrivais plus. J’avais tellement honte de le dire… ». Ce trader a mis en place des méthodes de « contournement ». Dans son milieu professionnel, son meilleur ami et collègue est le seul dans la confidence : « Il écrit mes rapports quotidiens, m’explique les nouvelles procédures. » .
Près de sept illettrés sur dix travaillent. Certains occupent des postes à haute responsabilité. Ils mettent alors en place les « stratégies de contournement », telles un collègue dans la confidence, un apprentissage des tâches par cœur ou d’autres stratagèmes. Mais il est bien plus difficile d’être illettré pour un cadre que pour une femme de ménage, et la pression à laquelle ils sont soumis peut les conduire parfois au suicide.
Les connaissances de base manquent à certains cadres qui ont vécu l’apprentissage de la langue française comme une « punition ». Et pourtant, ils ont réussi à gravir tous les échelons. « Plus on est haut placé, plus il est simple d’être illettré : il y a toujours quelqu’un à qui déléguer les tâches ! », affirme un conseiller-formation personnellement concerné par ce problème.
Selon Georges Marandon, chercheur, ces personnes résistent à leur environnement familial ou scolaire. « C’est la manifestation d’une question, d’un problème, d’une souffrance par une attitude réfractaire. Le sujet se met en situation de refus de progresser par rapport à des apprentissages fondamentaux, à ses yeux survalorisés ou symboliquement surinvestis par l’environnement contre lequel il se défend. »
Enfin, du fait de leur statut social, certains illettrés sont plus difficiles à dépister. Et les cas sont plus nombreux que ne veulent bien l’admettre les entreprises.
Fidèle à cette méthode de travail « Réunir pour mieux Agir » et en partenariat avec les membres du collectif de 64 organisations, des Assises régionales de la prévention et de la lutte contre l’illettrisme se tiendront en métropole et dans les régions d’outre-mer entre le mois de mars et le mois de juillet 2013.
Vous vous sentez touché, concerné par ce problème. Consultez alors le site de l’anlci.