Le cas d’une école du XXe arrondissement
Prenons par exemple cette école parisienne où, après un mois d’école, le constat est sans appel. En effet, dans les mêmes locaux se succèdent et se côtoient activités scolaires et périscolaires, d’où les problèmes qui apparaissent car : mêmes lieux, mêmes locaux mais règles très différentes selon les horaires et les adultes présents. Pendant le temps de classe, les enseignants instaurent des règles, d’autorité pourrions-nous dire, mais surtout de respect, de calme afin de donner une ambiance propice aux apprentissages. A l’opposé, pendant les activités périscolaires, il y a beaucoup de relâchement et on voit se développer violence, cris et insultes, à tel point que les professeurs ont beaucoup de difficultés pour avoir un peu de sérénité dans leur classe. Il faut y ajouter d’autres problèmes, les enseignants doivent abandonner leur salle de classe au moment des ateliers (donc une partie de leur outil de travail), car ce sont ces mêmes locaux qui sont utilisés pour la classe et les activités périscolaires. Plus question pour eux de corriger les cahiers sur place ou de préparer leur classe pour le lendemain, ils sont obligés de repartir chez eux, cartable et piles de cahiers sous le bras ! Ils ne sont plus chez eux ! De plus, tout ce chamboulement pour obtenir un résultat très contesté et mitigé, avec des animateurs, pas assez nombreux et mal ou pas formés.
La directrice de cette école, accablée par tous ces problèmes a placardé une lettre à l’entrée de son école :
D’autres directrices d’écoles connaissent des situations semblables et ne trouvent comme solution pour échapper temporairement aux soucis que le recours à un arrêt maladie.
(Source : rue89)Le point de la ville de Paris sur l’ensemble des écoles
Les activités périscolaires sont organisées les mardi et vendredi de 15h à 16h30, elles sont facultatives et gratuites et 80% des enfants y participent.
Depuis la mise en place à la rentrée, des intervenants et des associations ont fait défaut. La ville a engagé des remplaçants, mais la situation n’est pas encore stabilisée.
On peut aisément comprendre que la mise en place était trop hâtive si l’on étudie les remédiations qui ont dû être aménagées :
- Encadrement : aux 385 Responsables éducatifs en place vont s’ajouter 184 nouveaux agents ;
- Moyens : les écoles qui ont besoin de moyens supplémentaires en matériel recevront une aide de 1000 euros ;
- Ménage : les équipes de ménage seront renforcées ;
- Sécurité : les intervenants seront munis d’une attestation leur permettant d’entrer dans les écoles.
Ce sont encore des moyens qui vont alourdir le budget du contribuable. Espérons que tout ce déploiement de finances et d’énergie aboutisse à un changement réellement salutaire.
La réalité des responsabilités
Pendant la journée de classe, et jusqu’à 15h les mardi et vendredi, c’est le directeur de l’établissement qui est responsable.
De 15h à 16h30, les jours d’activités périscolaires, les enfants sont sous la responsabilité des Responsables Education Ville. Et alors, c’est le REV… qui assure, à 16h30 la sortie des élèves non inscrits au périscolaire du soir.
Paris, le haut lieu de la contestation
Vendredi 11 octobre, parents, enseignants, élus étaient réunis pour la première réunion du comité de suivi de la réforme des rythmes scolaires. Cette réunion n’a pas abouti car elle s’est terminée sans aucune harmonisation des points de vue.
Le SNUipp-FSU-Paris relève 60% de « problèmes urgents et inquiétants d’hygiène et de sécurité », plus de 80% « de l’anxiété et de la grande fatigue générée chez les élèves ». Enfin, l’occupation des classes pose problème dans 70% des cas.
Selon le rectorat, par contre, la rentrée est qualifiée de « réussie ». Même si la situation est compliquée avec les 7 700 ateliers proposés dans la capitale, même si les premiers jours les problèmes de gestion des flux lors des sorties d’écoles existaient, la conclusion reste « on est en progrès ». On considère qu’un code de bonne conduite reste à trouver. On décompte que dans 40% des écoles cela se passe bien, et que dans 50% il y a des « tensions en voie de règlement ».
En ce qui concerne l’avis des parents, la FCPE-Paris constate la « disparition des situations d’insécurité dès la deuxième semaine » et 7 parents sur 10 considèrent que « leur enfant est plutôt satisfait des ateliers ». Mais ce constat ne fait pas l’unanimité et le collectif Prenons le temps pour nos enfants exige une remise à plat de la réforme pour la rentrée 2014. Ce collectif appelle à un rassemblement devant le Conseil de Paris, lundi 14 octobre.
La situation n’est pas nécessairement meilleure ailleurs
La FCPE 21 dénonce « les manœuvres politiciennes et partisanes qui ne visent qu’à ralentir la réforme ou à faire en sorte quelle soit si mal appliquée qu’elle soulève le mécontentement du plus grand nombre ». L’association critique même les enseignants en préconisant « un allongement de la pause méridienne et non une fin des cours plus tôt le soir, qui n’arrange que les professeurs des écoles ». Des chronobiologistes sont unanimes pour dire qu’il faut replacer l’enfant au centre des débats, et regrettent que le changement soit entravé par le blocage manifesté par les adultes.