Le programme ECLAIR (Ecoles, Collèges, Lycées pour l’Ambition, l’Innovation et la Réussite) a été mis en place à la rentrée 2011. Il regroupe trois programmes créés en cinq ans :
- le programme CLAIR (Collèges, Lycées pour l’Ambition l’Innovation et la Réussite)
- les 254 collèges et les écoles rattachées aux RAR (Réseaux Ambition Réussite, mis en place en 2007 par Xavier Darcos)
- les écoles des RRS (Réseaux Réussite Scolaire)
L’éducation prioritaire
En France, l’éducation prioritaire représente 20% des élèves et les réseaux ECLAIR ne concernent que 5% des élèves, ceux qui sont le plus en difficulté puisque 22% entrent en retard en 6e.
Où sont les autres 15% d’élèves en difficulté. Ils se retrouvent dans les RRS, où seulement, si l’on peut dire, 18% entre en 6e avec un retard scolaire. 57% d’entre eux sont issus de familles défavorisées.
Où sont les ZEP, créés par Alain Savary en 1982 ? Les zones d’éducation prioritaire ont tout simplement changé de nom, et même si l’on a mis plus de moyens, 30 ans plus tard on a l’impression de ne pas avoir avancé. Les établissements classés en ZEP le sont toujours et plus de 100 000 élèves sortent du système sans diplôme ni qualification.
Une particularité, les établissements qui étaient classés « ZEP » le restent même si la population a changé. Dans certains cas, les anciennes populations maghrébines ont laissé la place à des populations encore plus précaires venant d’Afrique, d’Europe centrale et de pays en guerre. D’autres établissements se situent dans des zones qui se sont embourgeoisées et les familles le savent, conscientes qu’en scolarisant leurs enfants il y a aura plus de moyens, donc de meilleures chances de réussite.
Pourquoi alors conserver certaines ZEP ? Les collectivités y tiennent beaucoup, car les primes qui leurs sont versées seraient supprimées en cas de déclassement (1200 euros par an).
Un constat s’impose, les effets du programme ECLAIR sont très modestes dans les écoles et les établissements.
Une nouvelle réforme difficile à mettre en place
Vincent Peillon a promis de réformer l’éducation prioritaire. Il a bien pris connaissance du manque de résultats obtenus depuis des décennies, malgré de nombreux moyens mis en place aussi bien en personnel que financier.
Le gouvernement a prévu de créer 60 000 postes, mais c’est surtout de l’autonomie des établissements que viendra peut-être la réussite. Encore faut-il que tous se mettent d’accord, car selon leurs sensibilités politiques il existe des différences de fond. A gauche on prône une autonomie pour les enseignants, à droite plus de pouvoir aux chefs d’établissements. La gauche ne veut pas de « caporalisme », mais de nombreuses études montrent que la réussite d’un établissement dépend fortement de la qualité de son chef.
Les assises de l’éducation prioritaire qui vont s’ouvrir en octobre auront fort à faire pour traiter ce difficile sujet. Au lieu de créer de nouveaux dispositifs, en plus, ne faudrait-il pas reprendre une copie vierge et essayer de mettre en place de nouvelles bases. Depuis 30 ans, on se rend compte que cela ne marche pas, alors ne continuons pas sur la même voie avec des petits compléments mal maîtrisés, en prenant également en compte que les enseignants de ces zones prioritaires changent souvent et qu’ils manquent de formation.