Ce sont donc 55 maires qui se sont regroupés en un collectif et ont décidé de ne pas appliquer la réforme des rythmes scolaires à la rentrée 2014. Ce collectif est essentiellement composé de maires de droite ou sans étiquette, le « Collectif contre la réforme des rythmes scolaires ». Ces maires ont décidé qu’ils « n’appliqueront pas la réforme en l’état ». Dans ce collectif, à l’initiative du maire d’Elancourt (Yvelines), se sont associés les maries de Courbevoie, Levallois-Perret, Massy, Saint-Maur-des-Fossés ainsi que Cannes ou Mâcon. Ils ont le soutien de Valérie Pécresse, ancienne ministre du budget.
Un manque d’efficacité
Plusieurs éléments plaident en faveur de ce rejet de la réforme et ils sont exprimés dans les mouvements de grèves actuels qui dénoncent cette modification des rythmes scolaires. D’ailleurs, ceux-ci sont-ils une priorité pour améliorer la réussite scolaire ? On peut en douter. D’autres pistes seraient sans doute plus urgentes à explorer, à commencer par essayer de comprendre pourquoi la France est si mal positionnée dans le classement PISA ; pourquoi 40% des enfants rencontrent tant de difficultés sur le lire-écrire-compter en fin de primaire ? La pédagogie ne serait-elle pas le premièr maillon à remettre en cause et pour y remédier réactualiser et renforcer la formation des enseignants ?
Une désorganisation générale
La vie des parents est déréglée, les enfants sont fatigués, les enseignants se sentent dévalorisés, les collectivités sont désorganisées, les associations sont malmenées. Cette réforme est annoncée comme une réussite par le ministère de l’éducation et la FCPE, mais cet avis et loin d’être partagé par tous. Selon une enquête de la PEEP, deuxième fédération de parents d’élèves, 68% de leurs adhérents ne croient plus au projet Peillon.
Quelques chiffres extraits de l’enquête de la PEEP :
Les deux tiers ne pensent pas que la réforme permettra aux élèves de mieux réussir. 44% trouvent cette réforme trop coûteuse. 76% refusent que les activités périscolaires soient payantes. En marge de la réforme, 90% jugent que la rentrée s’est passée de manière satisfaisante, 60% pensent que la laïcité est respectée, mais sont partagés sur l’affichage de la charte dans les établissements. Enfin 84% apprécieraient le retour de l’assouplissement de la carte scolaire.
La désorganisation de l’école due à la réforme est réaffirmée par ces 423 directeurs d’école de la capitale « en colère » qui ont adressé une lettre au recteur. Elle est également confirmée par ces communes en milieu rural qui se retirent du dispositif, et enfin par la journée de grève pour demander l’abrogation de cette mesure.
Un coût insupportable
La pression fiscale s’accroît de jour en jour et les communes se sont vues imposer cette priorité nationale qui va entraîner inéluctablement une hausse des impôts locaux qui sera très impopulaire, de plus dans le même temps la dotation de l’état aux collectivités a été amputée de 1,5 milliards et l’an prochain atteindra 3 milliards.
Avec un coût estimé à 350 euros par élève, toutes les communes n’auront pas les moyens d’assurer un service équivalent. Au lieu de réformer pour tenter de rassembler et rendre une école égalitaire, on va aboutir à l’élaboration d’écoles à plusieurs vitesses, avec des disparités importantes entre les communes riches et les communes pauvres.
Une stratégie politique
Le gouvernement de gauche qui parle d’ « égalité » crée en réalité une autre forme d’inégalité avec les nouveaux rythmes scolaires. Vincent Peillon, comme ses prédécesseurs (4 octobre), qu’ils soient de droite ou de gauche, aura créé une réforme à son nom et ainsi ne restera pas un inconnu pour l’Histoire de l’éducation nationale.