Le tableau blanc broie du noir

Un programme de 240 millions de dollars sur 5 ans a été lancé par le gouvernement du Québec en 2011 pour doter toutes les écoles de tableaux blancs interactifs (TBI). Une étude menée par Thierry Karsenti, titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur les technologies de l’information et de la communication (TIC) en éducation montre que les TBI ne semblent pas répondre aux attentes envisagées. Afin de réaliser cette étude, 800 enseignants et plus de 10 000 élèves ont été interrogés. 86% des enseignants ont trouvé des désavantages au tableau blanc interactif.

« M. Charest avait été mis dans l’eau chaude* lorsque les médias avaient révélé qu’un ancien membre de son cabinet était lobbyiste pour l’entreprise Smart Technologies, qui a fourni la quasi-totalité des TBI des écoles québécoises », rappelle Le Devoir.

L’étude rapporte que le TBI n’est pas utilisé à hauteur de ses possibilités, peu d’enseignants ne s’en servent autrement que comme écran de télévision ou de projection.

Les enseignants reconnaissent les possibilités offertes en mathématiques, mais précisent que cela demande beaucoup de préparation et que cela laisse moins de place à la spontanéité. Ils ajoutent également qu’ils ont reçu une formation dérisoire.

Un autre inconvénient du TBI, sa taille. Il est jugé bien trop petit, surtout avec de grandes classes, car il ne mesure que 90 cm x 120 cm en version standard. DE surcroît, si la classe est en longueur, les élèves du fond ne voient rien. Certains élèves affirment même qu’ils possèdent des écrans de télévision bien plus grands à la maison.

Ajoutons les nombreux soucis techniques relevés, ne serait-ce que le tableau est panne parce qu’un fusible a sauté, ce qui engendre de nombreuses heures perdues.

Bien souvent, les enseignants préfèrent se servir de leur ordinateur portable pour présenter des graphiques ou des diaporamas. Le TBI paraît dépassé au niveau technologie, avec des outils qui ne sont plus au goût du jour. Le traitement de texte fourni par défaut est digne de la version PowerPoint d’il y a dix ans.

L’iPad, un bien meilleur outil

Le chercheur, qui a aussi mené une étude similaire sur l’iPad, conclut que la tablette est de loin la technologie la plus intéressante pour enseigner, en étant beaucoup moins problématique. « Le seul problème technique du iPad, c’était que certains élèves oubliaient de le recharger la veille. »

Une école privée de Montréal a même revendu des TBI sur le réseau public pour acheter des tablettes à ses élèves.

* Etre mis dans l’eau chaude, to be in hot water, expression québecoise signifiant être dans de beaux draps, être en mauvaise posture, avoir des ennuis.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Retour en haut