Tenue correcte exigée pour entrer au lycée

Se rendre au lycée en jeans et baskets n’est pas autorisé. C’est ce qu’ont pu constater une cinquantaine d’élèves qui se sont vus interdire l’entrée dans leur lycée professionnel de Menton.

L’uniforme à l’école a été abandonné en France depuis 1968, mais la remise en place de celui-ci est réactualisée chaque année. Ce port de l’uniforme continue de diviser ceux qui prônent l’égalité de l’apparence et ceux qui pensent qu’il s’agit d’une privation de liberté.

Pour ce qui est du cas du lycée professionnel de Menton, qui n’est pas un cas isolé, il s’agit d’un établissement préparant aux métiers de l’hôtellerie et de la restauration. On peut supposer et comprendre que dans ce type d’établissement il y ait un haut degré d’exigence car les jeunes qui le fréquentent pourront accéder à des secteurs d’activité valorisants mais surtout très exigeants quant à la tenue vestimentaire. On peut envisager que ce règlement très strict va les préparer à ce haut niveau de bonne présentation exigé par leur future profession.

L’interdiction pour tenue incorrecte

Les exigences vestimentaires concernant la tenue sont clairement inscrites dans le règlement intérieur du lycée et précisées lors des réunions d’information de rentrée. Le proviseur adjoint précise même « Nous interdisons toutes chaussures qui s’apparentent à des baskets. Pendant quinze jours, ça va être difficile mais ils vont rentrer dans le moule ».

Extrait du règlement

« Les formations dispensées au lycée Paul-Valéry nécessitent, pour tous les élèves, une tenue correcte, sobre et propre en adéquation avec leur futur univers professionnel. Sont notamment exclues les tenues de sport et de loisirs (survêtements, short, baskets…). »

Il est préconisé pour les garçons « (…) un pantalon de ville non déchiré, non délavé, non moulant et sans taille basse, des chaussures de ville qui ne s’apparentent pas à des baskets. » Pour les filles, « une jupe classique, ni trop courte ni trop longue, avec éventuellement un collant discret ou pantalon de ville non déchiré, non délavé, non moulant et sans taille basse, des chaussures de ville ou bottes de hauteur raisonnable qui ne s’apparentent pas à des baskets. »

Une cinquantaine d’élèves a été refoulée, et c’est l’incompréhension totale, comme par exemple cette élève de seconde tertiaire spécialisée en « Métier de la relation client » qui avait compris que les élèves avaient droit à une semaine pour s’adapter ! L’incompréhension paraît d’autant mal ressentie que porter des jeans et baskets ne semblait pas inconvenant ni pour les élèves ni pour leurs parents. Certaines jeunes filles ne comprenaient pas qu’elles étaient considérées comme mal habillées, puisqu’elles ne portaient ni mini-jupe ni chaussures à talons, alors que d’autres avaient été autorisées à entrer en leggings et tongs ! Certains parents et élèves remarqueront même que certains professeurs portaient des chemisiers transparents, d’autres la barbe (interdite aux élèves). Il existe même un fumoir dans l’établissement alors que le règlement intérieur interdit la cigarette. Y a-t-il deux poids, deux mesures ?

Un autre cas

En Seine-et-Marne, des dizaines d’élèves se sont vus interdire l’entrée de leur établissement pour tenue inappropriée. Par plus de 30°, certains portaient des bermudas, des pantacourts ou jupes au niveau du genou. Ces tenues trop légères ont valu une interdiction d’entrée, en conformité avec le règlement intérieur.

Tout ceci soulève à nouveau le débat du retour de l’uniforme à l’école, qui semble avoir de plus en plus d’adeptes.

Faut-il un retour à l’uniforme ?

Les jeunes ont besoin de se démarquer des autres mais également le besoin de leur ressembler. L’image contribue à définir l’identité et les lycéens et collégiens soignent leur « look » : accessoires divers, vêtements de marque, signes de reconnaissance, tatouages ou percings… Les variations de la mode posent parfois quelques problèmes dans les établissements scolaires. La mode des t-shirts courts laissant le ventre à l’air, par exemple, suscite de nombreuses conversations des adultes dans les établissements scolaires, choqués par la sexualisation précoce de l’apparence. Les garçons ne sont pas en reste montrant la couleur de leur caleçon qui dépasse d’un pantalon deux fois trop large !

Les textes officiels ne prévoient rien, mais c’est la coutume et la tradition qui fixent les limites de ce qui est admis en termes de tenue vestimentaire. Il semble normal que la tenue soit appropriée à la situation. Si les sportifs portent certaines tenues, si certaines professions demandent un vêtement particulier, ce n’est pas par pure coquetterie mais bien parce les circonstances l’exigent ; on reconnaîtra un mécanicien, un peintre, une infirmière et tant d’autres professions par leur uniforme… et cela ne choque personne, bien au contraire. Alors, pourquoi ne pas vouloir adopter un code particulier à l’école. Certains ont sans doute connu les semaines blouse bleue ou blouse rose pour les filles, et blouse grises pour les garçons. N’est-ce pas pratique que cette uniformisation au sein de l’établissement, qui permettait en outre une protection de ces vêtements personnels ? Libre ensuite d’adopter une autre tenue à l’extérieur.

Sans vouloir faire l’apologie de l’uniforme, cela ne fait pas partie de la culture française, une tenue « classique » permettait de limiter bien des perturbations, dans les établissements. Les vols de baskets de marque et à prix très élevé ne sont pas rares, les ados les moins argentés n’hésitent pas à racketter les autres pour s’offrir des vêtements de marque. Une tenue neutre à l’école aiderait peut-être les adolescents à prendre plus de distance par rapport aux attitudes de consommation en pleine expansion, et bien orchestrées par les stratégies marketing.

Très souvent, les parents sont contents qu’un règlement existe, normalisant les tenues, car ils n’arrivent pas, seuls, à se faire entendre de leurs enfants. Mais lorsqu’il y a une réglementation, il faut réussir à la faire appliquer avec discernement. La sévérité de l’application, et parfois l’excessivité  n’est pas nécessairement constructive ou éducative.

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