Ces ministres de l’éducation qui ont laissé leur nom à une réforme

Des plans et des réformes se sont succédé depuis le début de la Ve République, et ont permis aux différents ministres de l’éducation qui se sont succédé de laisser leur empreinte. L’école doit faire face à des  mutations démographiques et sociales, et si les Français admettent de vivre dans une société inégalitaire, ils ne le souhaitent pas pour l’école qui doit garantir l’égalité des chances. Comme il s’agit d’une mission impossible, l’obligation de réforme se trouve justifiée en permanence.

Malgré les réformes, les conditions de travail des élèves se dégradent. Ces vingt-cinq dernières années d’« amélioration du système scolaire » se soldent par un appauvrissement de la formation des élèves.

L’école trouve sa place dans un projet d’ensemble et lorsqu’il s’agissait d’adapter l’enseignement aux besoins de formation décidés par l’économie le système scolaire était en pleine expansion tant que l’économie était porteuse. Par contre, lorsque les besoins sont satisfaits, les enseignants doivent accepter de donner moins de savoir, et les parents de limiter les ambitions qu’ils ont pour leurs enfants. C’est ainsi que Jack Lang avait la vision clairvoyante  de faire passer auprès des enseignants et des parents l’idée de réduction des ambitions de l’école.

Mais quels effets les réformes successives des différents ministres de l’éducation ont eu comme impact pour aboutir à un tel fiasco aujourd’hui ?

Les ministres et leurs actions

Les débuts de la Ve République

Se sont succédés : Jean Berthoin (10/1958), André Boulloche (01/1959), Michel debré (12/1959), Louis Joxe (01/1960), Pierre Guillaumat (11/1960), Lucien Paye (02/1961), Pierre Sudreau (04/1962), Louis Joxe (10/1962), Christian Fouchet (11/1962), Alain Peyrefitte (04/1967), François-Xavier Ortoli (05/1968), Edgar Faure (07/1968), Olivier Guichard (06/1969), Joseph Fontanet (07/1972), puis…

René Haby

Ministre de l’Éducation (28 mai 1974 – 5 avril 1978

Réforme Haby (1975) : Collège unique, pédagogie différenciée

Christian Beullac

Ministre de l’Éducation (5 avril 1978 – 22 mai 1981)

Ouverture de l’école sur le monde de l’entreprise, formation des instituteurs sur 3 ans, avec un DEUG spécifique, création des PACTE à l’origine des PAE (Projet d’action éducative)

Alain Savary

Ministre de l’Éducation nationale (22 mai 1981 – 19 juillet 1984)

Réforme Savary (1981) : Réforme de l’enseignement supérieur. Il est chargé d’unifier l’enseignement secondaire et de mettre fin à la distinction entre l’école privée (dite « école libre ») et école publique.

Jean-Pierre Chevènement

Ministre de l’Éducation nationale (19 juillet 1984 – 20 mars 1986)

Réforme Chevènement (1985) : 80% d’une génération au bac. Il rétablit également l’enseignement de l’éducation civique.

René Monory

Ministre de l’Éducation nationale (20 mars 1986 – 12 mai 1988)

Plan Monory (1987) : baptisé « PRO 74 », l’objectif est fixé à 74% d’une classe d’âge scolarisée en l’an 2000 au niveau bac. Attaché à la formation des jeunes, il subit les contestations des étudiants suite au projet de Devaquet (sélection des étudiants à l’entrée des universités). Il est également à l’origine des NTIC, et avait lancé le projet de parc du Futuroscope en 1984.

Lionel Jospin

Ministre d’État de l’Éducation nationale, de la Recherche et des Sports (12 mai 1988 – 2 avril 1992)

Loi d’orientation Jospin (1989) : modification du système éducatif français. L’article 1 de la loi est aujourd’hui le Code de l’éducation. La loi organise la scolarité en cycles (3 en primaire, 3 en collège), crée le Conseil national des programmes, les IUFM. Les écoles, collèges et lycées doivent élaborer et appliquer un projet d’établissement. Enfin, il redessine la carte universitaire, notamment par le plan « Universités 2000 ».

Jack Lang 1

Ministre de l’Éducation nationale et de la Culture (2 avril 1992 – 29 mars 1993)

Il commence pour « épurer l’atmosphère » par suspendre le projet de réforme universitaire de son prédécesseur. Il assouplit le projet de réforme pédagogique des lycées et propose de faire appel à des appelés du contingent pour lutter contre la violence à l’école.

François Bayrou

Ministre de l’Éducation nationale (29 mars 1993 – 4 juin 1997)

Il propose une réforme de la loi Falloux, permettant ainsi de subventionner les investissements dans les établissements privés (le projet sera rejeté). Il dirige une réflexion sur la condition des professeurs, réforme les études supérieures (semestrialisation des études), met en place le bac actuel (S, ES, L, STT, STL et STI) et introduit les langues vivantes à l’école primaire.

Claude Allègre

Ministre de l’Éducation nationale, de la Recherche et de la Technologie (4 juin 1997 – 28 mars 2000)

Il réforme la gestion du personnel enseignant, supprime les heures supplémentaires des professeurs et contribue à mettre en place le système de diplômes européen LMD. « Il faut dégraisser le mammouth », cette phrase sera l’emblème du conflit avec les enseignants, et les manifestations le conduiront à la démission.

Jack Lang 2

Ministre de l’Éducation nationale (28 mars 2000 – 7 mai 2002)

Il est chargé de ramener le calme dans le monde enseignant. Il réforme légèrement le baccalauréat et relance le recrutement d’enseignants, en panne depuis 1997.

Luc Ferry

Ministre de la Jeunesse, de l’Éducation nationale et de la Recherche (7 mai 2002 – 31 mars 2004)

Il annonce des mesures centrées autour de la lutte contre l’illettrisme, avec le dédoublement des classes de CP, la rédaction de nouveaux programmes en primaire, les itinéraires de découverte en collège, l’apparition du TPE (Travail personnel encadré)… En 2004, il propose un texte sur la laïcité à l’école et l’interdiction de signes religieux ostensibles à l’école, adopté a l’Assemblée nationale avec une large majorité.

François Fillon

Ministre de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche (31 mars 2004 – 31 mai 2005)

Loi Fillon (2005) : socle commun de connaissances, contrat personnel de réussite, bourses au mérite, 3h de soutien pour les professeurs des écoles, partenariat école-commissariat.

Gilles de Robien

Ministre de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche (2 juin 2005 – 18 mai 2007)

Il instaure le socle commun des connaissances et des compétences, relance l’éducation prioritaire avec la mise en place des réseaux ambition réussite (RAR), revalorise l’apprentissage, renforce le calcul mental à l’école et assouplit la carte scolaire. Son ministère gère l’extension de la Base élèves.

Xavier Darcos

Ministre de l’Éducation nationale (18 mai 2007 – 23 juin 2009)

Il annonce la suppression de 13 500 postes dans l’Education nationale pour 2009 et présente un projet de réforme des lycées, mais ce projet sera reporté. Il supprime les cours du samedi matin à l’école primaire et réorganise l’emploi du temps hebdomadaire : 24 heures d’enseignement pour tous les élèves et deux heures d’aide personnalisé pour les élèves en difficulté. De nouveaux programmes sont présentés pour lutter contre l’échec scolaire.

Luc Chatel

Ministre de l’Éducation nationale, de la Jeunesse et de la Vie associative (23 juin 2009 – 10 mai 2012)

Il instaure le non-remplacement d’un fonctionnaire sur deux, annonce l’organisation d’un débat national sur la question des rythmes scolaires envisageant notamment le raccourcissement des grandes vacances voire la mise en place d’un zonage, comme pour les autres vacances.

Vincent Peillon

Ministre de l’Éducation nationale (16 mai 2012 – En fonction)

Il met fin à la semaine de 4 jours, relance la laïcité. D’autres actions se mettent en place.

Les grandes périodes de la Ve République

Les années 60 exigent un grand nombre de techniciens et d’ingénieurs, les matières d’excellence deviennent alors les mathématiques au détriment des lettres. C’est également le passage de la scolarité obligatoire jusque 16 ans.

Durant les années 70, il faut s’adapter aux demandes de la sphère économique. L’école à moins besoin de former et il faut organiser l’échec scolaire. Pour y arriver, des filières sont constituées à l’intérieur du collège unique, et les programmes sont allégés.

Les années 80 montrent que les prévisions des experts sont fausses. Il faut davantage de personnel qualifié. C’est alors que Jean-Pierre Chevènement souhaite « 80% d’une classe d’âge au niveau baccalauréat ».

Cette décennie, faute de moyens budgétaires complémentaires, rencontre des difficultés d’application de la réforme. C’est le début de la décentralisation ou les régions et les départements vont prendre en charge une partie de la gestion des établissements. Belle formule alors que « l’élève est au centre du système éducatif »

Les années 80 sont celles où l’ensemble des gouvernements européens se convertit au libéralisme. On justifie le chômage « structurel », la violence sociale s’installe et on parle de violence scolaire. Les dysfonctionnements sont considérés comme normaux.

Pendant les années 90, on veut privilégier l’interdisciplinarité, la « culture de l’entreprise », les « itinéraires de découverte », en passant par les « travaux personnels encadrés » des lycées. Mais les enseignants ont une spécialisation disciplinaire et constituent un obstacle à cette évolution. La multiplication des filières et la faible polyvalence des enseignants du second degré ont aussi un coût.

Les années 2000 ne font pas mieux. C’est la relance du combat contre l’illettrisme, la lutte contre l’échec scolaire, les nouvelles réflexions sur les rythmes scolaires qui réduisent la semaine scolaire à quatre jours pour à nouveau revenir à quatre jours et demi, ou le socle commun des connaissances. On réduit le temps de classe (sans toucher aux grandes vacances !) et le nombre d’enseignants, et dans le même temps on recule encore dans le classement PISA.

Que vont nous réserver les années 2010 ?

Vers quoi l’Europe évolue-t-elle ?

Les pays riches affichent une extraordinaire explosion du nombre d’étudiants durant les trente dernières années et cela va toucher à sa fin. Au sommet, des pôles d’excellence vont attirer, selon des sélections très sévères, des étudiants de qualité et solvable ; et vers la base on retrouvera un enseignement de masse, plus ou moins correct, de plus en plus mal financé.

Les réformes de l’Education nationale obéissent ainsi à des exigences économiques.

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