Rythmes scolaires : vraie fausse bonne idée

Depuis la mise en place des nouveaux rythmes scolaires lors de la rentrée de septembre, les remarques négatives se multiplient. Ce nouveau système ne concerne qu’une commune sur cinq à ce jour, et pourtant on a l’impression que c’est toutes les communes qui tournent mal.

La grogne des maires

L’Association des maires de France (AMF) demande une « remise à plat » des modalités du mode de financement des rythmes scolaires. Elle sollicite également une réunion « en urgence » avec le premier ministre. Le coût financier ne peut pas être supporté par les communes. Un fonds d’amorçage de 250 millions d’euros a été mis en place, mais il est insuffisant car les collectivités chiffrent le coût de la réforme entre 600 et 800 millions d’euros par an. Il faut préciser que moins de 20% des communes sont passées à quatre jours et demi et que, comme le dit bien son nom, c’est un fonds d’amorçage, donc sans garantie de pérennisation.

L’AMF demande également la suspension des directives adressées par la Caisse d’allocations familiales, modifiant les normes d’encadrement. Pour réduire le coût, le taux d’encadrement est passé de 10 à 14 enfants par animateur pour les moins de 6 ans, et de 14 à 18 enfants par animateur pour les plus de 6  ans. Ce taux d’encadrement ne concerne pas la garderie ou la surveillance dont les normes sont inchangées, ce qui entraîne une complexification de la réglementation.

Les maires, qui ne se sont engagés que pour la rentrée 2014, demandent du temps et jugent que « l’accélération du calendrier d’élaboration du projet d’organisation de la semaine scolaire et du projet éducatif territorial, imposée par les DASEN (Directions académiques de l’éducation nationale) n’est pas acceptable ». Ils demandent plus de délai pour conduire la concertation avec les enseignants, les parents, les associations, les transports scolaires, les conseils généraux.

Le Ministre de l’éducation nationale ne comprend pas et n’apprécie pas toutes ces remarques qui ont même provoqué des échanges musclés à l’Assemblée nationale. Il défend même le succès de sa « bonne réforme incontestée ». Il admet que quelques efforts sont nécessaires, car cette réforme doit se mettre en place dans l’intérêt des enfants.

La grogne des parents

 Plus de 53% des Français sont hostiles à la réforme des rythmes scolaires. Ils dénoncent, en majorité, une trop grande précipitation dans la mise en place, un manque de moyens et une désorganisation globale.

Des collectifs de parents veulent montrer leur mécontentement en appelant à un boycott national le mercredi 13 novembre. Non seulement, les grandes fédérations de parents d’élèves manifestent, mais également certaines associations locales, notamment l’association de parents d’lèves de Passy Cherniviz, le plus important groupe scolaire de Paris (Paris XVIe), qui a créé sa page Facebook « Non aux nouveaux rythmes scolaires ». Cette APE a mené son enquête qui révèle les résultats suivants : 80% des parents estiment que leurs enfants sont plus fatigués en fin de semaine, alors que 10% pensent que les nouveaux rythmes sont propices à une meilleure réussite.

D’autres soulèvent des problèmes de locaux, un nombre d’animateurs insuffisant, un manque d’information des familles.

La FCPE, première fédération de parents d’élèves, soutient fermement la réforme des rythmes et va organiser les 9 et  10 octobre les « 24 heures de mobilisation pour les rythmes ». Quant à la PEEP, deuxième fédération de parents d’élèves contestée par la FCPE, celle-ci a mené une enquête qualitative qui fait le constat suivant : enfants fatigués (88%), activités périscolaires insatisfaisantes (62%) et vie familiale perturbée (53%).

La position du Ministre

Vincent Peillon ne veut pas de récupération électoraliste avant les municipales, qui prendraient les enfants en otage. Il précise qu’il restera ferme sur la réforme des rythmes scolaires, même si quelques corrections seront apportées. Un bilan est prévu mi-décembre.

Que dire du financement exceptionnel mis en place pour le lancement des nouveaux rythmes ? C’est peut-être pourquoi Jean-François Copé parle d’une « taxe Peillon » que les collectivités locales devront mettre en place pour financer la réforme. Mais selon le Ministre de l’éducation « Nous mettons de l’argent. Il n’y a pas d’inquiétude pour l’avenir ». Et pourtant, il faut souligner les contradictions puisque l’aide ne sera pas renouvelée au titre de l’année 2014-2015 ; de même que la mise en place des activités doit être « si possible gratuites », mais qui les financera !

Que penser enfin de ces communes qui peu de temps après la rentrée se sont retirées du nouveau dispositif ? Y en aura-t-il d’autres ?

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